La galaxie Ohayon et sa myriade de filiales
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Bordeaux - Des chaînes de magasins mais aussi des palaces, des immeubles, du café, du vin, des écoles post-bac, des Chagall ou un spa : Michel Ohayon et sa famille ont investi tous azimuts. Voici un aperçu de l'empire et de ses déboires.
La FIB, le vaisseau amiral
La Financière immobilière bordelaise (FIB), holding de tête, s'est déclarée en cessation de paiements le 7 février auprès du tribunal de commerce de Bordeaux qui l'a placée en redressement judiciaire. Selon le jugement, à la fin 2021, le bilan comptable de la holding affichait un passif de 501 millions d'euros pour un actif de 428 millions.
Quelques jours plus tôt, parmi d'autres litiges financiers en cours, le tribunal de commerce de Paris avait condamné la FIB à payer 43 millions d'euros au groupe australien de crédit Macquarie, faute d'avoir remboursé des emprunts contractés en 2018-2019. C'est avec la FIB, créée en 1996, que Michel Ohayon a bâti son empire immobilier et commercial. Le capital, qu'il détenait à 99 pour cent, est passé récemment aux mains de son épouse.
D'après les derniers comptes qu'elle a publiés, la holding compte une trentaine de filiales - dont Hermione People and Brands (HBP), qui regroupe plusieurs chaînes de magasins - et d'innombrables sous-filiales. L'ensemble fait l'objet d'une enquête de la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco).
Les enseignes grand public
HPB, créée en 2018, était la maison mère de Camaïeu dont la liquidation, fin septembre à Lille, a laissé plus de 2.000 salariés sur le carreau. C'est toujours la maison mère de Go Sport (2.150 salariés) et Gap France (350 salariés), de 26 magasins Galeries Lafayette (1.100 salariés), du spécialiste du jouet La Grande Récré (900 salariés) et des cafés Legal (140 salariés), enseignes rachetées ces dernières années.
L'avenir de Go Sport, en redressement judiciaire, doit être examiné mardi - entre continuation de l'activité ou cession à un repreneur - par le tribunal de commerce de Grenoble qui a également placé en redressement les 20 franchises de Gap France.
Une procédure de sauvegarde a par ailleurs été ouverte à Bordeaux pour les magasins Galeries Lafayette, également en difficulté. Le président-fondateur de La Grande Récré Jean-Michel Grunberg a annoncé de son côté qu'il cherchait de nouveaux investisseurs.
Des palaces et un Saint-Émilion
Michel Ohayon a racheté en 1999 le Grand Hôtel de Bordeaux, franchisé par InterContinental. Il a ensuite acquis le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles et le Sheraton de Roissy.
Fin janvier, le tribunal de commerce de Bordeaux a placé en redressement trois filiales de la FIB propriétaires de ces hôtels, faute d'avoir remboursé 200 millions d'euros d'emprunts à Bank of China. En 2017, Michel Ohayon a aussi racheté à une holding hongkongaise le Château Trianon, domaine viticole de l'appellation Saint-Émilion Grand Cru.
Des projets immobiliers en souffrance
En 2015, Michel Ohayon a acquis un immeuble de Bordeaux pour en faire un hôtel de luxe qui n'a jamais vu le jour. Une filiale de la FIB qui portait le projet est en redressement, tout comme celle assurant la promotion immobilière d'une résidence de prestige à Marseille.
Cette dernière, Le Bao, accuse un gros retard de livraison lié à des surcoûts de construction, explique l'homme d'affaires bordelais, en litige avec des prestataires et des propriétaires. Dans une décision récente, la cour d'appel d'Aix-en-Provence n'a retenu "aucun manquement" à son encontre. Un vaste projet oeno-touristique est par ailleurs en suspens à Libourne (Gironde).
Spa, Campus Academy et Luxembourg
La FIB est aussi actionnaire des Bains de Léa, spa du VIIIe arrondissement de Paris dirigé par l'épouse de l'homme d'affaires. Un enfant du couple est à la tête de Campus Academy, réseau d'établissements d'enseignement supérieur privé hors contrat. Sur six écoles post-bac ouvertes depuis 2019, deux ont fermé à Aix-en-Provence et Nantes - avant même d'accueillir des étudiants pour celle-ci.
Le patronyme familial apparaît aussi dans le registre commercial du Luxembourg où Michel Ohayon a utilisé une société - créée en 2008 et déclarée en faillite fin 2020 - pour acquérir une collection d'oeuvres de Chagall estimée à 33 millions de dollars.
L'homme d'affaires a également détenu, du Grand-Duché, des parts dans une société française spécialisée dans l'énergie solaire. L'un de ses fils a pris le relais aujourd'hui via une autre holding luxembourgeoise. (AFP)