La galaxie Ohayon et sa myriade de filiales
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Bordeaux - Des chaînes de magasins mais aussi des palaces, des immeubles, du café, du vin, des écoles post-bac ou un spa : Michel Ohayon, dans le viseur désormais du parquet de Paris, a investi tous azimuts avec sa famille.
Après la liquidation de Camaïeu et le redressement judiciaire de Go Sport, les déboires s'accumulent pour l'homme d'affaires bordelais, qui s'est désengagé récemment de certaines sociétés au profit de ses proches. Voici un aperçu non exhaustif de son empire, tel que les registres du commerce permettent de le reconstituer.
La FIB, le vaisseau amiral
La Financière immobilière bordelaise (FIB), holding de tête de Michel Ohayon, s'est déclarée en cessation de paiements le 7 février. Une semaine plus tard, le tribunal de commerce de Bordeaux l'a placée en redressement judiciaire.
Fin 2021, le bilan comptable de la FIB affichait un passif de 501 millions d'euros, pour un actif de 428 millions seulement, selon le jugement. Créée en 1996, c'est la société avec laquelle Michel Ohayon a bâti son empire immobilier et commercial. Il en était l'unique bénéficiaire effectif jusque tout récemment, avec 99 pour cent du capital, mais c'est désormais son épouse.
Selon les derniers comptes qu'elle a publiés, la holding compte une trentaine de filiales dont Hermione People and Brands (HBP), société qui regroupe plusieurs chaînes de magasins. L'ensemble fait désormais l'objet d'une enquête de la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco).
Les enseignes grand public
HPB, créée en 2018 par Michel Ohayon, était la maison mère de Camaïeu, dont la liquidation a été prononcée fin septembre, laissant plus de 2.000 salariés sur le carreau.
C'est toujours la maison mère de Go Sport (2.150 salariés) et Gap France (350 salariés), de 25 magasins et un outlet Galeries Lafayette (1.100 salariés), du spécialiste du jouet La Grande Récré (700 salariés) et des cafés Legal (140 salariés), enseignes rachetées ces dernières années.
Go Sport a été placé en redressement judiciaire mi-janvier par le tribunal de commerce de Grenoble et celui de Bordeaux a ouvert une procédure de sauvegarde pour les magasins Galeries Lafayette, également en difficulté. Le parquet du tribunal de commerce de Grenoble a par ailleurs requis, lundi, le placement en redressement des 20 magasins franchisés de l'enseigne Gap France.
Des palaces et un Saint-Emilion
Michel Ohayon a racheté en 1999 le Grand Hôtel de Bordeaux, franchisé par InterContinental. Il a ensuite acquis le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles et le Sheraton de Roissy. Fin janvier, le tribunal de commerce de Bordeaux a placé en redressement trois filiales de la FIB, propriétaires de ces hôtels, faute d'avoir remboursé 200 millions d'euros d'emprunts à Bank of China. En 2017, Michel Ohayon a aussi racheté à une holding hong-kongaise le château Trianon, un grand cru classé de Saint-Emilion.
Des projets immobiliers en souffrance
En 2015, Michel Ohayon a acquis un immeuble emblématique de Bordeaux pour en faire un hôtel de luxe qui n'a jamais vu le jour. Des filiales de la FIB qui portaient le projet ont été placées en redressement la semaine dernière. A Marseille, la livraison d'une résidence de prestige, Le Bao, accuse un gros retard, que Michel Ohayon explique par d'importants surcoûts de construction. Le tribunal de commerce de Bordeaux a également placé en redressement une société liée au chantier.
Un spa à Paris, une Campus Academy et des sociétés au Luxembourg
La FIB détient aussi 25 pour cent de la société Les Bains de Léa, spa du 8e arrondissement de Paris dirigé par l'épouse de l'homme d'affaires. Un enfant du couple est à la tête de Campus Academy, réseau d'établissements d'enseignement supérieur privé hors contrat implanté dans plusieurs villes. Sur six écoles post-bac ouvertes depuis 2019, deux ont fermé à Aix-en-Provence et Nantes, et une autre est en difficulté à Rennes. Le patronyme familial apparaît aussi dans le registre du commerce du Luxembourg, comme l'avait révélé Le Monde il y a deux ans.
Selon des documents enregistrés au Grand Duché, Michel Ohayon y était alors actionnaire d'une société dissoute depuis. C'est aujourd'hui un de ses fils qui, via une autre holding luxembourgeoise, détient des parts dans plusieurs sociétés dont la française NTF Energy, spécialisée dans l'énergie solaire. (AFP)