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La finance verte gagne les grands de la mode

Par Odile Mopin

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La monté en puissance des financements et placements verts étaient déjà une tendance bien amorcée depuis quelques années. Mais le basculement de l’année 2020, avec la pandémie, la prise de conscience accrue des urgences climatiques environnementales a accéléré la demande en finance responsable, dans tous les secteurs. Pour nombre d’entreprises et d’investisseurs, les critères « ESG » (environnementaux, sociaux et de gouvernance) deviennent cruciaux. Ces financements « à impact » gagnent aussi les grandes entreprises de la mode qui doivent démontrer qu’elles sont vertueuses en plus d’être rentables pour lever des fonds.

Chanel, Adidas, le groupe lainier Chargeurs et depuis la semaine dernière le géant de la fast fashion H&M : ces sociétés, qu’elles soient issues du luxe, de la fast fashion du sport ou de l’industrie textile, corrèlent depuis peu l’obtention de fonds à leur impact RSE, en s’appuyant sur des objectifs de durabilité pour se rallier des investisseurs, en misant sur leur intérêt à financer des projets « verts ». Des groupes internationaux, pour des levées de fonds colossales. Selon des règles qui les contraignent à atteindre leurs objectifs durables sous peine de pénalités financières. L’engagement est clair, transparent, et constitue une incitation pour l’entreprise.

La semaine dernière, H&M a donc prévu d’émettre 500 millions d’euros d’obligations vertes ou « green bonds (l’outil le plus classique) qui seront dédiés à des objectifs RSE. L’opération, qui a suscité un grand intérêt auprès des investisseurs garantit l’engagement du groupe suédois à atteindre des objectifs qu’il s’est fixé à horizon 2025, soir réduire les émissions carbones, augmenter la part des matériaux recyclés, etc.

Ce type d’obligation crée un engagement clair et transparent et une incitation pour l’entreprise. Il s’agit d’une étape importante dans notre travail continu pour optimiser la structure du capital de l’entreprise, tout en offrant aux investisseurs la possibilité de contribuer à la transformation positive de l’industrie de la mode », a déclaré Adam Karlsson, directeur financier.

Les obligations vertes « obligent » les entreprises à atteindre leurs objectifs durables

Dans le luxe, c’est en septembre dernier que Chanel a émis sa première « dette verte » en levant 600 millions d’euros d’obligations pour respecter ses engagements environnementaux. Le groupe français s’est ainsi engagé à diviser par deux ses émissions à effets de serre d’ici 2030, en ligne avec ses objectifs de réduction de son impact carbone.

« Chez Chanel, nous avons la volonté de devenir une entreprise proactive en matière de RSE, guidée par des objectifs précis. Nous souhaitons aller au-delà du cadre légal et réglementaire. Pour nous en donner les moyens, nous devons adopter une stratégie claire. La création est intrinsèque à la marque : elle est sa raison d’être, son business modèle, sa culture, son positionnement. Elle doit ainsi être le moteur qui nous permet d’intégrer la RSE dans notre modèle économique. En ré-imaginant notre manière de fonctionner pour que notre création de valeur soit partagée, autrement dit qu’elle soit à la fois économique et sociétale », avait expliqué en septembre lors d’une conférence l'un des portes-paroles de la Maison.

Ce fut ensuite au tour d’Adidas, en octobre dernier, de lever des fonds à destination « verte », une première également pour l’équipementier sportif. Soit une dette d’un montant de 500 millions d’euros : « L’émission d’une obligation durable représente aujourd’hui un nouveau jalon pour notre entreprise. Les recettes seront investies dans les initiatives environnementales et sociales de l’entreprise, avait alors commenté Harm Ohlmeyer, le directeur financier d’Adidas. Au programme, des matières et process réduisant l’impact carbone.

Un modèle de financement en phase avec les objectifs verts des grands de la mode

Le groupe lainier diversifié Chargeurs a choisi lui aussi fin 2020 de financer sa croissance en obligations vertes, pour un montant de 100 millions d’euros. Ce placement intégrant deux engagement environnementaux et sociétaux.

En 2018, Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde, déclarait déjà vouloir soutenir en premier lieu les entreprises qui prendraient position sur les sujets de responsabilité environnementale et de gouvernance. Début 2020, dans sa lettre annuelle aux actionnaires, il réitérait cet « avertissement », déclarant vouloir renforcer sa part d’investissements durables et son intention de pousser les entreprises vers un modèle à faible impact carbone. La multinationale, pourtant symbole d’un capitalisme « du monde d’avant », détient des parts dans de nombreux géants du CAC40. Et donc aussi celui de faire basculer le logiciel de la finance… vers un modèle toujours aussi rentable, mais peut-être un plus vertueux.

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Crédits : H&M, Chanel

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