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La bourse ou le Kelly?

Par Herve Dewintre

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Collector Square, site spécialisé dans la revente d’accessoires, de bijoux et de montres d’occasion, est en train de réussir son pari. Cofondé par Loic Bocher et Nicolas Orlowski (PDG du groupe Artcurial dont il est le propriétaire avec Dassault ; c’est lui notamment qui a lancé la mode des ventes aux enchères de vieux sacs Hermès ou Chanel) le site a fait sortir le vintage des friperies poussiéreuses pour le placer au centre de l’échiquier du luxe. Comment? En lui offrant un écrin moderne (un site internet ultra performant et un showroom flambant neuf) et en lui associant une image d’investissement rentable.

Ce n’était pas gagné d’avance. Lorsqu’ils fondèrent Collector Square en 2013, le marché de la seconde main (un marché mondial estimé à 16 milliards de dollars par Bain Company) était déjà bien occupé : il se partageait entre les sites généralistes (ebay, le boncoin), les sites spécialisés comme Vestiaire Collective ou Instant Luxe, les friperies de quartier ou les boutiques plus sélectives comme Didier Ludot. Sans parler d’Instagram qui peut à l’occasion se révéler être un marché parallèle redoutable. Pourtant le site a multiplié des le départ les signes distinctifs qui lui ont permis non seulement de se tailler une part de choix sur le marché de l’ancien, mais aussi de transformer l’image poussive du dépôt-vente en lieu branché. Les chiffres parlent d’eux mêmes:10.000 transactions réalisées l'an dernier avec un panier moyen à 1500 euros.

Pour cela, les deux fondateurs ont actionné plusieurs leviers simultanément. Le site internet tout d’abord qui est remarquable : présentation des articles avec photos à 360 ° degrés shootés par des professionnels, des services bien rodés : expédition en 24 heures, packaging soigné - et enfin un nouveau showroom physique, de 600 metres carrés, 36 boulevard Raspail ( pas loin du Bon Marché) sur rendez vous. Le deuxième levier, sans doute le plus important, c’est la sélection. Les pièces mises en vente sont -nous garantissent les fondateurs du site - scrupuleusement expertisées, en mode « curator », sous tous les angles (exemple pour les montres ; lunette d’origine ou pas etc) : quatre personnes à temps plein répondent par téléphone ou par mail aux quelques 200 demandes d’expertise reçues par l’entreprise chaque jour. Chaque pôle a son responsable.

Un Kelly d’occasion est plus rentable qu’un investissement dans les sociétés du CAC 40

Enfin, dernier levier, et non des moindres, la création d’un indice, le LuxPrice-index, clairement inspiré le l’indice Artprice qui offre une cote des ventes aux enchères mondiales ; il s’agit d’ une base de données qui analyse plus de 300000 résultats de vente aux enchères de sacs et de montres de luxe au cours des douze dernières années, partout dans le monde. En clair, il permet de donner des preuves irrécusables à l’acheteur de la rentabilité de son achat.

C’est ainsi que Collector Square a pu démontrer recemment que l’achat d’un Kelly était plus rentable qu’un investissement en bourse. Un exemple : entre 2007 et 2013, un sac Kelly de seconde main représentait 25 pour cent des ventes de sacs Hermès en volume. Dans le même temps il représentait 40 pour cent des ventes de sacs Hermès en valeur. Un calcul simple permet immédiatement de conclure de le prix moyen d'un sac Kelly sur cette période a été multiplié par 2,2. Soit une augmentation de +320 pour cent en huit ans. Sur la même période, l’indice du CAC 40 perdait 1 320 points soit 23 pour cent. Meme topo pour les montres, comme par exemple le modele chrono acier Daytona de Rolex dont les prix ont grimpé de 80 pour cent en dix ans. A ce niveau d’arguments, on ne parle plus de bonne affaire mais d’investissement, on ne parle plus d’amateurs de vintage mais de collectionneurs. Un peu comme si, entre le neuf qui pollue et l’ancien qui se bonnifie, la honte avait changé de camp.

Crédit photo: collector square DR

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