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La bataille de pouvoir Frasers-Boohoo pour le contrôle et l’avenir de l’entreprise

Par Diane Vanderschelden

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Frasers Group Credits: Image: Frasers Group

Alors que FashionUnited annonçait en décembre la fin du bras de fer entre Frasers Group et Boohoo, voilà que la saga repart de plus belle. Une nouvelle offensive est lancée par Frasers, actionnaire influent de Boohoo, avec une résolution pour évincer Mahmud Kamani, co-fondateur et actuel vice-président exécutif du conseil d’administration du groupe de fast fashion. Cette résolution sera mise en délibération lors d’une assemblée générale prévue le 21 janvier 2025.

L’enjeu Kamani : stabilité ou instabilité ?

Boohoo a une nouvelle fois appelé ses actionnaires à rejeter la demande de Frasers, qu’elle qualifie de tentative de déstabilisation. Le conseil d’administration de Boohoo défend l’importance stratégique de Kamani, soulignant ses contributions « inestimables » en matière de conseil et de leadership, particulièrement dans le cadre de la révision stratégique initiée après une série de résultats financiers décevants.

Frasers, pour sa part, estime que cette révision ne répond pas aux attentes des actionnaires et considère le maintien de Kamani comme un frein aux changements nécessaires.

Derrière ce conflit se joue une lutte d’influence sur l’orientation stratégique et la gouvernance de Boohoo, dans un contexte où les performances de l’entreprise continuent de décliner.

Un précédent : la défaite de Frasers en décembre

Ce nouvel épisode intervient à peine un mois après que les actionnaires de Boohoo ont massivement rejeté la proposition de Frasers d’intégrer son fondateur Mike Ashley et son directeur Mike Lennon au conseil d’administration. Malgré cette défaite, Frasers persiste et signe en redoublant d’efforts pour influencer la stratégie du groupe, qu’elle juge « insuffisante » face aux défis de l’industrie du fast fashion.

Le rôle et les limites du pouvoir des actionnaires

Cette confrontation soulève des questions fondamentales sur le rôle des actionnaires dans la gouvernance des entreprises. Si leur implication est cruciale pour garantir la responsabilité des dirigeants, elle peut également entrer en conflit avec la viabilité à long terme des entreprises.

Le cas de Frasers et Boohoo illustre parfaitement cette dichotomie : d’un côté, Frasers agit dans son propre intérêt commercial en cherchant à maximiser la valeur de ses parts rapidement, quitte à bouleverser la gouvernance existante. De l’autre, Boohoo défend une vision plus globale, misant sur une réorganisation stratégique qui pourrait nécessiter du temps pour porter ses fruits.

Le pouvoir des actionnaires doit-il primer sur l’autonomie des conseils d’administration ? Les intérêts financiers à court terme justifient-ils des interventions agressives au détriment de la stabilité et de la vision à long terme d’une entreprise ? Ces questions méritent d’être posées à mesure que de plus en plus de grandes entreprises font face à des pressions similaires.

Un contexte économique tendu

Au-delà de ce conflit de gouvernance, Boohoo se trouve dans une situation délicate. La baisse de ses ventes en 2024 (-17 %) et les critiques répétées sur ses pratiques de travail ont miné sa réputation. Par ailleurs, la perspective d’une scission de ses marques ou d’une levée de fonds supplémentaire continue de diviser les investisseurs.

Frasers n’est pas étranger à ce type de stratégie interventionniste. L’entreprise a tenté des manœuvres similaires avec Mulberry et Hugo Boss, dans des contextes similaires de difficultés financières. Si ces actions traduisent une volonté de sécuriser ses investissements, elles soulèvent également des inquiétudes sur les motivations réelles qui animent ces interventions.

Et maintenant ?

La bataille entre Boohoo et Frasers est loin d’être terminée. L’assemblée générale du 21 janvier sera un moment clé pour déterminer l’avenir de Kamani, mais aussi pour poser les jalons du futur de Boohoo. Frasers continuera-t-il à intensifier la pression ? Boohoo saura-t-il convaincre ses actionnaires de la pertinence de sa stratégie à long terme ?

Au-delà du cas Boohoo, cette saga soulève une problématique plus large : alors que les entreprises font l’objet d’une surveillance accrue, les intérêts des actionnaires peuvent-ils réellement s’accorder avec les impératifs de durabilité et de résilience des organisations qu’ils possèdent ?

En résumé
  • Frasers Group, actionnaire de Boohoo, tente d'évincer le co-fondateur Mahmud Kamani lors d'une assemblée générale en janvier 2025.
  • Boohoo défend le rôle de Kamani, tandis que Frasers critique la stratégie actuelle et la juge insuffisante face aux défis du secteur.
  • Ce conflit illustre la tension entre les intérêts à court terme des actionnaires et la vision à long terme de l'entreprise, soulevant des questions sur le rôle et les limites du pouvoir des actionnaires.
Boohoo
Frasers Group