L’industrie européenne (textile) est-elle menacée par la flambée des prix du gaz ?
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Euratex s’oppose fermement au plafonnement, envisagé par la Commission européenne, des prix du gaz à 275 euros/MWh. L’organisation, qui représente l'industrie européenne du textile et de l'habillement, affirme que « tout plafonnement des prix au-delà de 80 euros/MWh n'aiderait pas l'industrie européenne - le secteur textile en particulier - à survivre à la crise actuelle ».
Mardi 22 novembre 2022, la Commission européenne a présenté son mécanisme visant à réduire la volatilité des marchés européens du gaz. Le dispositif consiste à interdire toute transaction si le prix du contrat TTF (Title Transfer Facility), pour livraison dans un mois, dépasse 275 euros/MWh pendant deux semaines et si l’écart entre les prix du TTF et le prix de référence du gaz naturel liquéfié (GNL) est supérieur à 58 euros pendant 10 jours consécutifs au cours des deux semaines. Ce mécanisme s’appliquerait le premier janvier 2023 pour une durée d’un an.
Alors que les ministres de l'Energie de l'UE sont réunis à Bruxelles, en conseil extraordinaire, pour examiner cette proposition, Euratex a réagi de manière défavorable dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« En effet, dès juillet 2021, le prix de gros du gaz dans l'UE était inférieur à 30 euros/MWh. Aujourd'hui, l'industrie européenne est confrontée à des prix du gaz et de l'énergie qui ont dépassé toute capacité d'adaptation : du record de 320 euros/MWh en août dernier, le prix est passé à 127 euros/MWh aujourd'hui » indique le courrier.
Une augmentation de plus de 300 pour cent par rapport aux prix du gaz habituels
« Si nous continuons sur cette voie, l'UE perdra son autonomie stratégique, qui garantit la mise à disposition de biens et de services essentiels sur le marché intérieur européen, et deviendra bientôt totalement dépendante des importations étrangères. Ce, sans aucun levier pour mettre en œuvre son programme de durabilité, et encore moins pour mener la transition vers une économie circulaire sur la scène internationale.
L'existence même de l'industrie européenne est en jeu car, à l'heure actuelle, elle est confrontée à une concurrence internationale féroce avec les industries de la Chine, de l'Inde et des États-Unis qui travaillent à des prix énergétiques d'environ 10 dollars/MWh (9,60 euros). En outre, ces concurrents bénéficient de subventions faramineuses de la part de leurs propres gouvernements : le déploiement du programme de subventions industrielles de 369 milliards de dollars US (355 euros) n'en est que le dernier exemple. »
Le directeur général d'Euratex, Dirk Vantyghem, estime « qu’alors que l'industrie européenne subit une pression immense et sans précédent, un plafonnement des prix à 275 euros/MWh n'aurait aucun sens : l'industrie européenne serait définitivement évincée du marché. L'industrie est au cœur du mode de vie européen et le fondement de notre économie sociale de marché. L'UE doit sauver son industrie pour sauver l'Europe. C'est maintenant qu'il faut agir ».