• Home
  • Actualite
  • Business
  • « L’empreinte carbone d’un carat de diamant équivaut à deux iphones et demi »

« L’empreinte carbone d’un carat de diamant équivaut à deux iphones et demi »

Par Herve Dewintre

loading...

Scroll down to read more
Business

En 2006, le film « Blood Diamond » troublait l’opinion publique en mettant en lumière la collusion entre une puissante firme militaire privée sud-africaine et les multinationales du diamant. Le film se déroulait dans les années 90 en pleine guerre civile qui ensanglantait la Sierre Leone. « Un passé révolu » affirme Mina El Hadraoui qui dirige depuis quelques semaines, après une carrière passée dans la joaillerie et à la Monnaie de Paris, la branche française du Natural Diamond Council. Alors que toutes les maisons de luxe sont sommées par les consommateurs de mettre en pratique des stratégies fortes en matière de développement durable, les sept plus grands groupes miniers ont décidé de prendre la parole afin de prouver la solidité de leurs engagements écologiques et sociales.

Ces sept producteurs miniers – parmi lesquels figurent le leader anglo-australien Rio Tinto, le vénérable anglo-africain De Beers, ou encore le russe Alrosa, représentent à eux seuls 85 pour cent de la production mondiale de diamants bruts. Cette production s’opère principalement en Afrique du Sud (au Botswana notamment), au Canada, en Russie et en Australie, les plus gros diamants de la planète ayant été trouvés au Botswana. Ensemble, ils financent la nouvellement créée Natural Diamond Council qui remplace la Diamond Producer Association (DPA) qu’avait fondé Jean Marc Lieberherr, ex Managing Director chez Rio Tinto, en 2015.

« Le diamant a toujours été une source d’émerveillement » rappelle Mina El Hadraoui qui constate que cet émerveillement a été voilé un temps par les doutes soulevés par les ONG. « Les groupes miniers ont vraiment pris le temps depuis une quinzaine d’année de se remettre en question. Ils l’ont fait profondément et leurs pratiques sont désormais révolutionnaires aujourd’hui. L’industrie du diamant a réfléchi à l’impact qu’elle pouvait avoir dans le monde».

« Il y a de plus en plus de femmes dans l’industrie du diamant »

Cet impact est environnemental et social. « Nous ne sommes pas du tout dans le schéma ou on aurait affaire à des groupes qui prospectent puis extraient les diamants avant de partir pour les vendre sans se soucier du reste. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne du tout. » L’association est catégorique, Cela fait au moins quinze ans que les groupes jouent un rôle de premier plan dans la mise au point de procédures permettant de limiter l’impact des activités minières sur la nature, mais aussi d’encourager la croissance économique des pays producteurs, en stimulant la création d’emplois, en favorisant l’édification d’hôpitaux, d’écoles, de réseaux routiers, en développant des programmes sociaux à grande échelle.

L’association entend également balayer les idées reçues. « On pense souvent que le cout d’extraction d’un diamant, en termes d’empreinte écologique, est exorbitant. Or, l’empreinte carbone d’un carat de diamant équivaut à deux iphones et demi » certifie Mina El Hadraoui. Autre exemple, social cette fois ci : « Au Botswana, un partenariat a été fait avec le gouvernement. 80 pour cent de la valeur du diamant est reversé au gouvernement. Cette somme, en plus de permettre à l’édification d’écoles et d’hôpitaux, va également servir à préparer l’après-diamant, quand la mine ne sera plus exploitable. Un chiffre enfin : en matière de contribution aux communautés locales, l’industrie minière du diamant rapporte 10 milliards de dollars chaque année. »

Autre indicateur, plus inattendu : l’égalité homme-femme. « Les femmes sont de plus en plus présentes dans l’industrie. Le managing director d’une des plus grosses mines de diamants en Afrique du Sud est en fait une femme. Il s’agit de Naseem Lahri qui opère au Botswana pour le producteur Lucara. Née au Botswana, ayant effectuée son parcours universitaire au Botswana, elle affirme elle-même qu’elle est un pur produit de l’industrie du diamant sans laquelle elle n’aurait jamais pu devenir une cheffe d’entreprise ». Les groupes miniers seraient-ils, mine de rien, et contre toute attente, les nouveaux promoteurs de l’empowerment ?

Crédit photo: Natural Diamond Council

Alrosa
debeers
Natural diamond council
rio tinto