L'Accord Bangladesh sur la sécurité des usines textile se prolonge
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Dacca - De grandes marques textiles internationales, dont H&M ou Primark, ont obtenu dimanche que la Cour suprême du Bangladesh prolonge d'un an l'application de l'Accord sur la surveillance de la sécurité des usines de confection dans ce pays marqué par des drames industriels.
La Cour suprême a statué que l'Accord Bangladesh sur la sécurité des bâtiments industriels et leur protection contre l'incendie serait reconduit dans l'industrie textile pour une année supplémentaire.
En 2013, l'effondrement dans la banlieue de Dacca de l'immeuble du Rana Plaza abritant des ateliers textiles avait tué 1 138 ouvriers. Près de 300 groupes textiles européens s'étaient alors engagés dans cet Accord Bangladesh pour renforcer, grâce à la surveillance d'inspecteurs internationaux, la sécurité des usines textiles au Bangladesh, deuxième exportateur de vêtements au monde après la Chine.
Mais des entrepreneurs locaux ont réclamé le départ des inspecteurs internationaux estimant que l'accord prévu initialement pour cinq ans était dorénavant caduc. Ils avaient obtenu le soutien de la justice en première instance.
La Cour suprême a jugé que l'accord pouvait rester en place pour 281 jours ouvrés supplémentaires, soit 13 à 14 mois, après s'être entendue avec l'Association des industriels du textile du Bangladesh (BGMEA), a expliqué un avocat.
Aux termes de cette entente, à laquelle le gouvernement a apporté son soutien, une organisation nationale sera mise en place pour surveiller la sécurité des bâtiments industriels. Cette nouvelle organisation, le Conseil pour le développement durable de l'industrie du prêt-à-porter, prendra le relais des inspecteurs internationaux.
Le BGMEA a estimé que cela ouvrait la voie à une auto-surveillance des industriels du Bangladesh.
Christie Miedema, porte-parole de la Clean Clothes Campaign basée à Amsterdam, a indiqué que l'association évaluait les conséquences de la décision de la Cour.
Mais un responsable syndical local, Babul Akhter, a dénoncé l'entente conclue, qui constitue selon lui une menace pour la sécurité des travailleurs car elle donne plus de pouvoirs aux propriétaires des usines. "Cela aura des conséquences négatives", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le drame du Rana Plaza avait mis en lumière la face sombre de la sous-traitance des grandes marques occidentales de mode, inhérente à une économie mondialisée. La planète entière avait découvert les conditions de travail des ouvriers du textile au Bangladesh.
Deux organisations de grandes marques internationales avaient alors été créées pour surveiller la sécurité dans les usines fabriquant des vêtements pour les magasins occidentaux.
Aux côtés de l'Accord Bangladesh, venu à échéance en 2018 mais qui prévoyait sa prolongation jusqu'en 2021, s'était créée une Alliance pour la sécurité des travailleurs au Bangladesh, composée principalement de groupes américains.
Les industriels textiles du Bangladesh redoutent de voir les inspecteurs internationaux mettre leur nez dans des questions liées aux droits des travailleurs et aux salaires.
L'économie du Bangladesh, pays de 165 millions d'habitants, repose largement sur l'industrie textile. Cette dernière pèse environ 31 milliards de dollars, avec quelque 4 500 usines qui emploient quatre millions de travailleurs. Le secteur textile représente 80 pour cent des exportations totales du pays.(AFP)