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Kookaï en redressement judiciaire, nouveau choc dans le secteur du prêt-à-porter

Par AFP

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Magasin Kookaï. Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP

Paris - Moins de cinq mois après la liquidation judiciaire subite de Camaïeu et alors que le Groupe Go Sport est dans la tourmente, Kookaï a annoncé mercredi son placement en redressement judiciaire dû "aux difficultés économiques que rencontre le secteur du prêt-à-porter en Europe, que la crise du Covid-19 n'a fait qu'accentuer".

Le redressement judiciaire devant le tribunal de commerce de Paris "n'est pas une fin en soi" mais "une opportunité de rebondir et d'assainir [notre] situation financière", selon un communiqué de la marque qui a inventé les "Kookaïettes", "ces jeunes femmes impertinentes et cruelles avec les hommes", présentées dans des campagnes de pub remarquées.

Pour le moment, rien ne change pour les 121 boutiques françaises et ses 320 salariés, durant cette procédure destinée à permettre la poursuite de l'activité de l'entreprise, le maintien de l'emploi et l'apurement du passif, grâce à la désignation d'un mandataire judiciaire pour administrer tout ou partie de l'entreprise.

Kookaï a "manqué cruellement de moyens et de soutien des banques" pendant la pandémie, a regretté la marque de prêt-à-porter, évoquant notamment deux refus de Prêt garanti par l'État (PGE).

Créée en France en 1983, la marque a "fait le buzz médiatique (...) et séduit une clientèle de consommatrices de 15-16 ans", qui lui est restée fidèle par la suite, a expliqué à l'AFP la direction marketing de Kookaï. Elle s'est ensuite développée en Australie dans les années 2000 et a été rachetée en 2017 par l'homme d'affaires australien Rob Cromb au groupe Vivarte (qui comprenait alors Caroll, Minelli, La Halle, Naf Naf, Chevignon...), liquidé en 2021.

En Australie, positionnée plutôt "sur du haut de gamme", Kookaï "cartonne" avec 800.000 followers sur Instagram, a encore affirmé la direction marketing. L'objectif était d'insuffler ce renouveau en France mais "on a manqué de moyens", sans compter que Rob Cromb a racheté à Vivarte une entreprise qui souffrait "d'une énorme dette sociale", a-t-elle poursuivi. En 2022, Kookaï affichait un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros, en hausse de 18 pour cent par rapport à 2021, mais en baisse de 25 pour cent par rapport à 2019.

Sortie de pandémie difficile

Pour le secteur de l'habillement, la sortie de la pandémie ne signifie pas un retour à la situation d'avant Covid-19 : les ventes restent en 2022 près de 10 pour cent inférieures à leur niveau de 2019, avait expliqué en septembre à l'AFP Gildas Minvielle, directeur de l'observatoire économique de l'Institut Français de la Mode (IFM).

"Ces nouvelles qui se succèdent sont toujours des chocs car ce sont beaucoup d'emplois concernés", a réagi mercredi auprès de l'AFP le directeur de l'observatoire économique de l'IFM, rappelant les "difficultés du milieu de gamme, qui a beaucoup d'acteurs et pour qui il est difficile de se démarquer". En outre, le secteur reste très touché en France par la liquidation judiciaire subite de Camaïeu fin septembre, qui a mené au licenciement de 2.100 salariés.

Il a de plus en plus du mal à accuser les coups. D'autres grandes marques subissent en effet des secousses comme le Groupe Go Sport, la holding de l'enseigne spécialisée dans le sport, déclaré mi-janvier en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Grenoble.

Vendredi, les élus du personnel de l'enseigne de prêt-à-porter Gap France ont exercé leur droit d'alerte afin d'obtenir des informations sur la situation de leur entreprise, rachetée en 2021 pour un euro par le groupe HPB (Hermione, People & Brands), qui a annoncé la revendre à Go Sport. (AFP)

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