Horlogerie: la crise sanitaire a "dynamisé le savoir-faire français"
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Paris - La crise sanitaire et ses confinements ont “dynamisé le savoir-faire français” et accru l’intérêt “pour l’origine” des montres, souligne à l’AFP Aymeric Vernhol, un des quatre dirigeants de Pequignet, seule maison horlogère de l’Hexagone à fabriquer son propre mécanisme dans un marché ultra dominé par la Suisse et l’Asie.
La manufacture basée à Morteau dans le Doubs lance cette semaine un nouveau mouvement - la pièce maîtresse d’une montre - avec des composants majoritairement fabriquées en France, qui équipera ses propres modèles, mais sera aussi commercialisé auprès d’autres horlogers “ne voulant pas recourir à des produits asiatiques”.
Quel impact a eu la crise sanitaire sur votre activité ?
Pendant le premier confinement, on a vendu beaucoup plus de montres de manufacture (c’est-à-dire des modèles fabriqués et pas seulement assemblés, donc plus chers, NDLR).
Les confinements ont dynamisé le savoir-faire français, les gens se soucient plus de l’origine des produits, pour les montres comme pour l’alimentaire ou le textile, et surtout ils ne veulent plus qu’on leur raconte des histoires : le “Made in France” est un code douanier qui ne veut rien dire, vous avez le droit de l’apposer si vous assemblez dans l’Hexagone des produits 100 pour cent chinois.
A l’étranger aussi nous avons bénéficié d’un regain d’intérêt pour les produits français: nous faisons 35 pour cent de notre chiffre d’affaires à l’export, contre environ 20 pour cent il y a deux ans.
Quelles sont vos ambitions pour le nouveau mouvement, baptisé Initial ?
Nous prévoyons de produire environ 2 500 mouvements la première année. Nous en garderons 1 500 destinés à nos propres montres et pour la première fois, nous en commercialiserons un millier.
Le but n’est pas de remplacer ou concurrencer la Suisse, le Japon ou la Chine,car on ne jouera pas dans la même cour en termes de volumes, mais on veut offrir une alternative aux marques horlogères françaises qui ne veulent pas recourir à des produits asiatiques.
Nous le vendrons entre 300 et 350 euros. Un mécanisme suisse coûte entre 80 et 150 euros selon les volumes, et un mécanisme chinois une vingtaine d’euros. Mais la grosse différence est que notre mouvement est composé à 72 pour cent de pièces fabriquées en France, dans le Doubs. Le reste est suisse car ce sont des composants qui ne sont malheureusement plus fabriqués dans l’Hexagone.
Combien coûteront les modèles qui en seront équipés ?
Dix ans après notre premier mouvement, le Royal, le but était d’en élaborer un plus fin, avec moins de pièces et moins cher. Si on démarre avec une série exclusive de 100 montres en or au prix de 9 000 euros, l’année prochaine nous lancerons une ligne en acier à environ 2 500 euros. Notre objectif est rendre accessible la montre de manufacture française : à titre de comparaison, en manufacture suisse, il n’y a rien à moins de 9 000 euros. (AFP)