Haïti : 4 000 emplois de sous-traitance supprimés à cause du ralentissement du marché américain
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Port-au-Prince - L'industrie haïtienne de la sous-traitance textile subit le ralentissement du marché américain et pas moins de 4 000 emplois vont être supprimés d'ici la fin de l'année dans le pays, déjà miné par le chômage endémique et l'insécurité due aux gangs.
La filiale haïtienne du groupe textile sud-coréen Sae-A, qui emploie actuellement 10 000 personnes dans le pays caribéen, a annoncé cette coupe franche dans ses effectifs via un communiqué, daté du 4 juillet. "En raison du récent déclin économique du marché américain, 45 pour cent des commandes de nos clients détaillants américains ont été annulées", a annoncé l'entreprise S&H Global, qui fournit notamment les marques Gap, Target et Walmart.
Cette drastique réduction d'activité pousse l'industrie à "licencier jusqu'à 4 000 employés d'ici à la fin de l'année", précise l'entreprise, qui assure déplorer "une situation déchirante". S&H Global a commencé ses activités en Haïti en 2012, au moment de l'ouverture du parc industriel de Caracol, situé à proximité de la deuxième ville du pays, sur la côte nord du pays caribéen. Dans les entrepôts où s'alignent par dizaines les machines à coudre, la main d'oeuvre très majoritairement féminine avait trouvé avec S&H un premier emploi formel dans un pays où près de la moitié de la population souffre d'insécurité alimentaire.
Cette prochaine réduction drastique des activités industrielles survient alors qu'Haïti est engluée dans une profonde crise politique, un an après l'assassinat du président Jovenel Moïse. Alors qu'aucune élection n'est en vue pour combler la vacance du pouvoir, les forces de police n'ont pas les moyens humains ni matériels d'endiguer la progression des gangs à travers le pays.
Longtemps cantonnées dans les bidonvilles, cela fait plus de deux ans que les bandes armées accroissent leur mainmise sur le territoire national, en multipliant notamment les enlèvements crapuleux. Contrôlant les voies d'accès autour de la capitale, les gangs qui s'affrontent entre eux paralysent régulièrement l'ensemble des activités socio-économiques à Port-au-Prince.
Dans une économie en berne depuis plusieurs décennies, au tourisme international quasi inexistant en raison de l'instabilité politique et de l'insécurité, les usines de sous-traitance ont constitué le principal fournisseur d'emplois formels avec près de 50 000 employés actuellement. Grâce à des lois américaines de 2005 et 2015, toute entreprise textile installée en Haïti peut exporter sa marchandise aux États-Unis sans frais douaniers. Légèrement revalorisé en février, le salaire minimum haïtien, établi à 0,73 euro de l'heure, constitue un autre argument de taille pour l'installation d'usines dans le pays. (AFP)