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Habillement, chaussures : le commerce parisien au bord du gouffre ?

Par Herve Dewintre

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Tous les Parisiens ont pu le constater, de nombreuses boutiques restent portes closes dans les grandes artères commerçantes de la Capitale. Sans même parler des affiches de location, autrement inexistantes, qui prospèrent désormais rue de Rivoli, rue de Rennes, rue des Francs-Bourgeois dans le Marais, ou dans le quartier Haussmann. Une étude de la Facap (Fédération des associations de commerçants et artisans parisiens) alerte sur la forte baisse du chiffre d’affaires des commerçants dans les quartiers touristiques. La faute à la crise sanitaire ? Pas forcément. En tout cas, pas entièrement.

La raison de cette apathie semble à priori évidente : le commerce parisien vit essentiellement du tourisme dans de nombreux quartiers. Sans même parler de la clientèle de bureau, qui a fondu comme neige au soleil en raison des nouvelles habitudes acquises en matière de télétravail. Résultat : le chiffre d’affaires baisse considérablement. Selon une étude de la CCI de Paris Ile-de-France, 73 pour cent des commerçants n’ont pas vu de touristes dans leur magasin durant les soldes. Or pour certains commerces, la part des dépenses des touristes durant ces périodes de promotion représente parfois jusqu’à 40 pour cent du chiffre d’affaires.

Si plus de la moitié des commerçants de la capitale n’ont pas été satisfaits de leur chiffre d’affaires durant les soldes, la crise est plus large et le phénomène strictement parisien: Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce (grands magasins, habillement, chaussure) évoque au site 20minutes.fr une chute d’activité de plus de 20 pour cent des ventes en magasins de l’habillement par rapport à 2019, dernière année d’activité « normale » selon un panel coréalisé avec Retail Int. Or, dans les autres régions françaises, la baisse d’activité enregistrée pour les magasins est de 6 pour cent seulement pour les périodes des soldes.

L’étude publiée par la Facap en juillet est encore plus sinistre : elle indique en effet que le chiffre d’affaires des commerçants parisiens s’effondre en juin 2021 de 21 pour cent, par rapport à juin 2019, tandis que le reste de la France se maintient (-1 pour cent). La baisse du chiffre d’affaires atteint le plus fortement les Champs-Elysées (-39 pour cent), les quartiers de Saint-Germain et Saint-Michel (-28 pour cent), Rivoli et le Forum des Halles (-21 pour cent) et enfin le Marais (-25 pour cent). Insee fait ce constat terrifiant : si l’on analyse les heures travaillées, la région qui connaît la plus importante baisse de l’activité tous secteurs confondus est l’Île-de-France, et au sein de celle-ci, le département le plus touché est Paris.

Les commerces de chaussures fragilisés

Épiphénomène liée à la crise sanitaire ? Pas si sûr d’après l’Apur, Atelier parisien d’urbanisme qui pointe du doigt une baisse du nombre de commerces à Paris depuis 2017, bien avant la pandémie donc. 1 164 établissements de moins pour plus de 61 500 commerces, avec un taux de vacance passant de 9,3 à 10,5 pour cent. Des chiffres d’autant plus inquiétants qu’ils concernent avant tout les magasins d’équipement à la personne – habillement, chaussures, bijouterie. Ces commerces de détail ont diminué de 13 pour cent en cinq ans. Le nombre de magasins de chaussures a même diminué quant à lui de 23 pour cent.

Un mouvement à long terme donc, galvanisé par la crise sanitaire certes, mais aussi par la montée depuis plusieurs années de l’e-commerce, ainsi que, soulignent plusieurs associations et cabinets d’études, par les politiques de transformation de la circulation de la Mairie de Paris. La Facap, Alliance du Commerce ou le comité Marais Paris émettent le même diagnostic : les franciliens n’osent plus venir à Paris car il devient impossible de stationner tandis que les travaux de rénovation réduisent les voies de circulation pour les voitures. La zone de chalandise se réduit, la commercialité des fonds de commerce également.

De quoi donner définitivement envie de mettre la clef sous la porte ? Pour l’instant aucun chiffre ne vient valider un tsunami de fermetures grâce aux politiques actives de soutien de l’Etat à l’activité économique. Seuls 9 pour cent des commerçants disent envisager pour l’instant de mettre fin à leur activité. Mais, prévient Mustapha Touahier, directeur adjoint de l’Insee Ile de France cité par 20minutes.fr « On peut avoir des commerces qui n’ouvrent pas avec des salariés qui ne sont pas encore licenciés car ils perçoivent des indemnités de chômage partiel. Dans la période actuelle où certaines entreprises sont sous perfusion, on n’est pas encore capable de dire si elles vont rendre l’âme ou pas. Nous n’avons pas le fin mot de l’histoire ».

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Crédit: Pexels

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