Givaudan relève ses prix face à l'inflation de coûts et pénurie de personnel
loading...
Zurich, 28 jan 2022 (AFP) - Le groupe suisse Givaudan spécialisé dans les parfums et arômes va augmenter ses prix face aux pressions sur les coûts de logistiques et des matières premières mais aussi des pénuries de main d'œuvre avec le variant Omicron qui l'ont amené à accroître le recours au personnel temporaire.
Pour 2022, le patron du groupe, le Français Gilles Andrier, s'attend à une hausse des coûts des matières premières « de 9 pour cent » face à l'inflation aussi bien sur les matières premières de synthèse, utilisées par exemple pour les détergents, dont les prix « sont liés à l'évolution des coûts de l'énergie et du pétrole » que sur les ingrédients naturels, a-t-il indiqué lors d'un entretien avec l'AFP.
« La demande pour tous les produits naturels est en constante augmentation », a-t-il constaté, évoquant un « effet de ciseau » entre d'un côté la forte demande des consommateurs pour les produits naturels et de l'autre les tensions sur l'offre.
S'y ajoutent les pressions sur les coûts de transport et de logistique qui ont augmenté au deuxième semestre avec les tensions sur les chaînes d'approvisionnement mais aussi sur les frais de personnel avec le variant Omicron. « Beaucoup de gens ont dû s'isoler et nous avons donc dû embaucher beaucoup de temporaires », a-t-il expliqué. Le groupe compte donc augmenter ses prix en 2022 pour répercuter cette inflation des coûts à ses clients, a-t-il annoncé lors de la publication de ses résultats annuels.
Bénéfice inférieur aux attentes
Le groupe genevois fournit des arômes et ingrédients de parfumerie aussi bien à l'industrie alimentaire qu'aux parfumeurs et fabricants de produits d'hygiène, cosmétiques et lessives.
L'an passé, son chiffre d'affaires s'est accru de 5,7 pour cent à près de 6,7 milliards de francs (6,4 milliards d'euros), dans la lignée des prévisions, grâce au rebond de la parfumerie fine.
Son bénéfice net s'est en revanche avéré inférieur aux attentes, en hausse de 10,5 pour cent par rapport à l'exercice 2020, à 821 millions de francs suisses. Par comparaison, les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 870 millions.
A 11H01 GMT, l'action chutait de 5,43 pour cent à 3.863 francs suisses alors que le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, perdait 1,06 pour cent. « Aujourd'hui tous les yeux seront rivés sur les questions de chaîne d'approvisionnement ainsi que sur l'inflation 9 pour cent sur le prix des matières premières », a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier. Il s'est cependant dit toujours confiant sur les perspectives de croissance à long terme.
Givaudan fait partie des valeurs favorites des investisseurs à la Bourse suisse en raison de la régularité de sa croissance, y compris pendant les périodes de récession.
En 2020, ses ventes d'ingrédients pour la parfumerie fine avaient chuté face à la fermeture boutiques hors taxes avec l'effondrement des voyages mais le groupe avait néanmoins bien résisté à la crise sanitaire, ce repli étant compensé par la demande d'ingrédients pour les savons, désinfectants et produits d'hygiène.
L'an passé, les ventes de Givaudan ont augmenté de 5,8 pour cent dans sa division parfumerie. Les ventes de sa division arômes se sont elles accrues de 5,7 pour cent grâce notamment aux protéines végétales avec l'essor de la demande pour les alternatives à la viande et aux produits laitiers.
Mais l'action se traite sur des niveaux valorisations élevés qui laissent peu de place aux déceptions. Le titre a grimpé de 700 pour cent depuis son introduction en Bourse au début des années 2000, s'adjugeant encore 25 pour cent en 2021 pour toucher un pic historique en décembre.
« Cet impact sur les coûts et marges frappent une entreprise qui a une valorisation au-dessus de sa moyenne historique », a souligné Andreas von Arx, analyste chez Baader Helvea dans un commentaire de marché, qui reste lui aussi favorable malgré une possible pression à court terme sur le titre. Le groupe a confirmé ses objectifs à moyen terme, visant toujours une progression de son chiffre d'affaires de 4 pour cent à 5 pour cent par an jusqu'en 2025. (AFP)