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Gap France placé en redressement judiciaire

Par AFP

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Image : Gap

Grenoble - Le tribunal de commerce de Grenoble a prononcé mercredi le placement en redressement judiciaire de l'enseigne Gap France, filiale de Go Sport détenue par l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon, actuellement en pleine tourmente entre difficultés financières et soupçons d'escroquerie.

Selon le jugement rendu public mercredi, une analyse financière établie par le cabinet Eight Advisory a fait ressortir une "différence négative" de près de 26 millions d'euros dans les comptes de la société, marqués par divers mouvements de trésorerie.

"L'entreprise se trouve en situation de cessation des paiements par son impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible", selon le tribunal. "Conformément à la loi, la procédure de redressement judiciaire aura pour objectif la présentation d'un plan d'apurement du passif par voie de continuation, ou à défaut un plan de cession de l'entreprise pour pérenniser l'activité actuelle", précise le tribunal.

La décision, conforme aux réquisitions du parquet de Grenoble, intervient sur demande de son dirigeant Patrick Puy, nommé en janvier à la tête de Gap par la société HPB. Cette dernière a toutefois fait savoir à l'audience du 27 février que M. Puy aurait agi "sans instruction" en ce sens, ce qui a conduit HPB à "songer à (le) révoquer", selon le jugement.

Inquiets des difficultés du groupe, les élus du personnel de l'enseigne de prêt-à-porter avaient exercé leur droit d'alerte fin janvier afin d'obtenir des informations sur la situation de leur entreprise, dans la foulée de la liquidation de Camaieu et le placement en redressement judiciaire de Go Sports, deux autres sociétés de la galaxie Ohayon.

La semaine passée, Gap France avait annoncé être "momentanément contraint de stopper les commandes e-commerce". La CFDT avait ajouté qu'un des magasins parisiens de l'enseigne, situé avenue des Ternes dans le 17e arrondissement de Paris, allait fermer d'ici fin mars.

Euro symbolique

Acquis en 2021 pour un euro symbolique, Gap France fait partie, avec ses 20 magasins franchisés et ses 350 employés, du groupe Ohayon, comprenant plusieurs chaînes de magasins, des palaces, des immeubles, du café, du vin, des écoles post-bac et un spa.

Le tribunal de Grenoble a assigné "les mêmes mandataires et administrateurs judiciaires" que pour les sociétés Go Sport, qui détiennent Gap France, "par souci de cohérence économique", précise le procureur adjoint François Touret de Coucy dans un communiqué.

Go Sport avait repris Gap France en janvier dernier pour 38 millions d'euros dans le but de "regrouper les deux enseignes", selon M. Ohayon. Les mouvements financiers effectués à l'époque l'avaient été "dans le cadre de la loi", avait-il assuré face aux craintes des représentants du personnel. Mais les actifs du dirigeant, qui a fait fortune dans l'immobilier avant de racheter des enseignes de distribution, se trouvent désormais dans le viseur de la justice.

Une enquête sur Go Sport, ouverte en novembre dernier pour "abus de bien social" par le parquet de Grenoble, a été reprise par le parquet de Paris, avec des investigations élargies aux chefs d'escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute et abus de bien social" susceptibles de concerner l'ensemble des sociétés de M. Ohayon.

Parmi les mouvements constatés dans les comptes de Gap, l'un, d'un montant de 1,36 million d'euros, a été fait "sans aucune convention de trésorerie", note encore le procureur adjoint de Grenoble en mentionnant "d'autres remontées de trésorerie" pour 4,6 millions d'euros vers une des sociétés de Michel Ohayon, MPI.

"Les investigations pénales étant désormais suivies par le parquet JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) de Paris, le parquet de Grenoble ne commentera pas ces éléments relevés par le tribunal de commerce", souligne-t-il.

Plusieurs sociétés du groupe se trouvent aujourd'hui en difficulté, dans la foulée de la liquidation brutale de l'enseigne Camaïeu en septembre. La FIB, holding de tête de Michel Ohayon, s'est déclarée en cessation de paiements le 7 février et une semaine plus tard, le tribunal de commerce de Bordeaux l'a placée en redressement judiciaire.

Le tribunal de commerce de Bordeaux a aussi placé la semaine dernière les vingt-six enseignes Galeries Lafayette détenues par Michel Ohayon en procédure de sauvegarde, tout en prononçant une salve de redressements judiciaires pour d'autres sociétés de l'homme d'affaires. (AFP)

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