Fosun, un conglomérat chinois pris de fièvre acheteuse à l'étranger
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Fosun, qui a pris le contrôle de la maison de couture Lanvin est un conglomérat chinois tentaculaire, connu pour ses acquisitions tous azimuts, et qui s'était déjà emparé d'un autre fleuron français, le Club Med.
Groupe privé fondé en 1992 par des étudiants de la prestigieuse université Fudan à Shanghai, Fosun est devenu un conglomérat géant dont les activités vont de la finance à la pharmacie en passant par le tourisme, pour un chiffre d'affaires de 9,4 milliards d'euros en 2016. Il a réalisé entre 2013 et 2017 pour au moins 13,5 milliards de dollars (11 milliards d'euros) d'acquisitions à l'étranger, selon la firme financière Dealogic. Une frénésie de rachats dans des secteurs éclectiques et ponctuée de coups d'éclat.
En France, il s'est distingué en mettant la main début 2015 sur le Club Med après une âpre bataille de deux ans. Depuis, il développe vigoureusement en Chine les opérations du spécialiste des villages-vacances. Toujours en France, Fosun est engagé dans de longs pourparlers pour entrer au capital de la Compagnie des Alpes, leader mondial de l'exploitation des domaines skiables. Le conglomérat possède également des participations importantes dans le "Cirque du Soleil" canadien, dans le voyagiste britannique Thomas Cook, dans la première banque privée portugaise BCP... Aucun secteur ne lui échappe: il s'est proposé de racheter aussi bien le géant indien du médicament Gland Pharma que l'emblématique joaillier de luxe Fabergé.
Le groupe ne dédaigne pas les opérations plus modestes: en 2017, il a pris le contrôle des français Paref, spécialiste de la gestion immobilière, et Tridem, expert de la distribution de médicaments en Afrique. Cette fièvre d'acquisitions, financées largement par l'endettement, a fini par inquiéter les régulateurs chinois, qui ont ordonné l'an dernier des vérifications sur des prêts à risques contractés par les grands conglomérats privés du pays. Les groupes géants Wanda et HNA, dans la tourmente et lourdement endettés, ont multiplié ces dernières semaines les cessions d'actifs pour renflouer leurs comptes.
Mais le directeur général de Fosun, Wang Qunbin, avait démenti en août "une quelconque enquête formelle des régulateurs" contre le groupe, tout en saluant le durcissement de Pékin contre les investissements "irrationnels". L'emblématique président de Fosun, Guo Guangchang, est selon Forbes la 16e fortune chinoise avec des actifs d'environ 9 milliards de dollars. Très connecté politiquement, il est volontiers vu comme un oracle des marchés et qualifié de "Warren Buffett" local. Sa mystérieuse disparition durant quelques jours fin 2015 avait fait l'effet d'un coup de tonnerre dans la communauté des affaires. Fosun avait tardivement indiqué que M. Guo apportait "son aide à des enquêtes judiciaires". Le milliardaire avait refait surface peu après. (AFP)