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Fonds de solidarité : une aide qui n'est pas sans faille

Par AFP

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Crédit : Unsplash, lucas law

Paris- Le fonds de solidarité s’est élargi depuis mars 2020 pour couvrir un nombre croissant d’activités affectées par la crise du Covid-19, mais certaines entreprises peinent à faire reconnaître qu’elles dépendent de secteurs fermés.

La fabrication de vêtements

“Le système est assez mal fait : il ne regarde que l’activité principale du siège, or on est multi-activités. J’ai 11 sites en France, dont 10 qui sont des magasins de détail et le siège social où on est fabricant et créateur de vêtements”, a expliqué à l’AFP Sébastien Pagani, président du groupe Avona, structure de 80 salariés.

Cet industriel, uniquement fabricant de vêtements aux yeux de l’administration, affirme que s’il avait eu 11 sociétés différentes, il aurait touché 10 000 euros par mois pour chacun des dix magasins fermés ; mais il n’y a pas droit puisque, selon lui, il est considéré comme un créateur et non un magasin.

Les salariés de ses magasins sont au chômage partiel, mais ses frais fixes ne sont pas pris en charge et son activité ne figure pas sur la liste “S1 bis” des secteurs touchés par ricochet par les fermetures administratives. Il relève aussi que des aides pouvant aller jusqu’à 200 000 euros sont perçues par “des commerces de gros, des gens qui achètent à l’autre bout du monde (…) et font souvent fabriquer leurs vêtements dans des conditions sociales catastrophiques”.

“Nous on a des stylistes, des modélistes, des patroneuses, des couturières ou des machines de coupe automatique”, détaille ce patron. Aujourd’hui “on se retrouve avec un stock phénoménal qui a perdu de sa valeur et on est quand même obligés de continuer à produire pour amener la nouvelle collection”, s’alarme ce patron qui n’a pas renouvelé 50 salariés en CDD l’an passé.

Dans le textile également, Caroline Barthélémy fabrique et commercialise depuis la Creuse des maillots de bain de compétition, une activité qui souffre de la fermeture des piscines et des clubs de natation.

Son entreprise de commercialisation, Nataquashop, a fini par percevoir des aides depuis le mois de janvier, sans rétroactivité. Mais la situation n’est toujours pas réglée pour Crazyswim, son entité de fabrication.

Mme Barthélémy parle d’une situation ubuesque où le décret sur les catégories aidées “ne reprend que la première ligne” d’une nomenclature englobant la “fabrication d’autres vêtements et accessoires”, si bien que les maillots de bain se retrouvent exclus des aides plus importantes, à l’inverse des gants ou des chapeaux, pourtant membres de la même sous-classe 14.19Z.

Les vendeurs de dragées

Les vendeurs de dragées sont pour l’administration assimilés aux boulangers, pâtissiers et confiseurs, mais cette classification ne tient pas compte du fait qu’il travaillent majoritairement pour des événements qui ne peuvent plus se tenir.

“La majorité de notre chiffre d’affaires est réalisé par la vente de dragées pour les baptêmes, les communions et les mariages”, témoigne Christèle Paraillac-Bertrand, salariée de Var Dragées, entreprise familiale à La Garde près de Toulon dont son frère est le gérant.

L’entreprise perçoit le fonds de solidarité, mais pas les aides réservées aux secteurs en difficulté. “Les 1 500 euros nous servent à régler notre loyer parce que notre propriétaire bien gentiment nous a accordé une petite baisse”, précise Mme Paraillac-Bertrand. Anne-Claire Rigaud, gérante de la confiserie Violette et Berlingot, à Lyon, est dans une situation analogue.

Cette commerçante ne réalise plus qu’entre 10 pour cent et 20 pour cent de son chiffre d’affaires habituel, qui dépend beaucoup de l’hôtellerie de prestige et des Ehpad, où les bonbonnières situées à l’accueil ont été enlevées pour des questions d’hygiène.

Elle aussi a droit aux 1 500 euros du fonds de solidarité de base mais “par rapport à mes 3 500 de loyer, c’est peanuts”. Mme Rigaud dit avoir “écrit à Bruno Le Maire qui m’a répondu que je ne rentrais pas dans les critères”, précise-t-elle.

La réponse de Bercy

Au ministère de l’Economie, on indique recevoir “beaucoup de demandes individuelles qu’on traite au cas par cas, parce qu’il peut y avoir des erreurs administratives ou une mauvaise compréhension des critères. On se doit de répondre aux personnes qui se posent des questions sur le fonds de solidarité”.

On reconnaît aussi qu’”il y a toujours quelques trous dans la raquette qui nous remontent, mais tant qu’on nous ne les signale pas, c’est compliqué de les connaître”. (AFP)

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