Filière française du cuir : la reprise est à l’ordre du jour
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RSE, emplois et compétitivité sont les grands enjeux du secteur du cuir. Franck Boehly, président du Conseil National du Cuir (CNC) a livré ce 25 janvier, aux côtés des présidents des fédérations de filières, un bilan et fixé des priorités pour l’avenir.
Premier constat, les exportations de la filière sont dynamiques. Elles ont progressé de 24 pour cent au regard de 2020 et de 9 pour cent versus 2019. Toutes la chaîne de valeur profite de ce rebond : les exportations de cuirs et peaux brutes français (parmi les plus réputés du monde), ont augmenté de 44 pour cent, celles de la tannerie-mégisserie de 17 pour cent. Concernant les produits finis, les ventes de chaussures à l’export ont grimpé de 14 pour cent, et celles de produits de maroquinerie de 30 pour cent.
La maroquinerie de luxe reste une puissante locomotive pour le secteur, alors que les maisons françaises continuent d’ouvrir des ateliers sur le territoire. A l’instar d’Hermès, par exemple qui a inauguré son 19 ème atelier fin 2020 en Gironde.
Des exportations en constante augmentation
Fort de ce dynamisme, le CNC a souligné la force de frappe en termes d’emplois de sa filière, ainsi que le besoin de recrutement dans ses métiers. Dans leur globalité, les métiers du cuir représentent 12 800 entreprises et 133 000 salariés, dont 4 000 emplois pour la chaussure et 14 millions de paires fabriquées en France en 2020. La nouvelle présidente Fédération Française de la Chaussure (FFC), Clémentine Colin Richard, également administratrice de la maison mère de Paraboot, est d’ailleurs revenu sur le renouveau de la chaussure Made in France, notamment soutenue par plusieurs dispositifs d’aides financières « primordiales pour soutenir et accompagner les entreprises en lancement tout comme celles qui tentent de se maintenir » a-t-elle insisté.
La Fédération a déjà mis en place un service d’accompagnement aux solutions de financement à moyen et long terme : « Financer la Chaussure ». De même, elle co-finance avec le CNC un fonds de garantie et de prêt (IFCIC) pour accompagner les marques dans la relance de leurs activités en privilégiant les investissements digitaux. La filière est également dotée du fonds d’investissement Cuir Invest tandis que les plus jeunes entreprises peuvent s’appuyer sur l’association Au-delà du Cuir (ADC) qui vise à favoriser l’émergence des nouveaux entrepreneurs sur le territoire français. Depuis son lancement, ADC a permis de soutenir 79 TPE, dont 60 toujours en activité, et a participé à la création de 195 emplois directs ainsi que 89 emplois induits en France. La filière a créé aussi un dispositif d’accompagnement des créateurs qui ont la volonté de produire en France, appelé « Faire de lance » Clémentine Colin Richard a également rappelé une revendication déjà ancienne de la filière : sortir le crédit d’impôt collection (CIC) de la règle des minimis : 80 pour cent des industriels du secteur l’utilise déjà et pour les trois quarts d’entre eux le plafond est atteint. Ce qui ne permet pas de faire appel à de nouvelles aides pour moderniser leur outil industriel ou même relocaliser.
Les métiers en tension le sont principalement dans le secteur maroquinerie : 3 000 postes (piqueurs, coupeurs, préparateurs, etc.) sont à pourvoir chaque année et les entreprises peinent à recruter. « Manque d’attractivité auprès des jeunes, méconnaissance de métiers techniques pourtant à haute teneur en savoir-faire, alors que l’artisanat est aujourd’hui très valorisé », a souligné Edgard Schaffhauser, président exécutif de la Fédération Française de la Maroquinerie (FFM). C’est pourquoi la FFM poursuit, en 2022, sa contribution à l’édition du « Guide des Métiers du Cuir » par le CNC, qui recense plus de 100 métiers de la filière, du CAP au Bac+5, s’appuyant sur un réseau de 165 écoles. Aussi, la fédération participe aux côtés des équipes du Conseil National du Cuir au salon L’Aventure des Métiers organisé par l’Etudiant à Paris ou encore au Mondial des Métiers à Lyon.
La filière recrute
Autres enjeux cruciaux l’intégration de la RSE dans les entreprises et la revalorisation de l’image du cuir, confronté à des idées reçues négatives. Le CNC en a fait un cheval de bataille, rappelant que le cuir, sous-produit de l’industrie agro-alimentaire transformé est donc un exemple de matière durable et de process d’économie circulaire. Des qualités qui ne doivent pas être comparées avec celles des matières « alternatives ». En droite ligne, le CNC et la Fédération de la Tannerie Mégisserie ont rappelé l’une de leurs demandes fortes auprès des pouvoirs publics et de la Commission européenne : la nécessité d’une législation européenne harmonisée sur la terminologie du mot « Cuir », alignée sur la réglementation française, pour lutter contre l’usurpation de la dénomination et la concurrence déloyale.
Pour mieux intégrer la RSE dans ses entreprises, la filière s’appuie sur différents outils : comme le dispositif d’évaluation DiagRSECuir initié par le Centre Technique du Cuir. Cet outil gratuit est mis à la disposition des entreprises pour évaluer leurs besoins et priorités en termes de RSE.
Enfin, séminaire davantage que levier RSE, mais extrêmement suivi par les acteurs de la filière, le Sustainable Leather Forum organisé par les fédérations professionnelles et dont la quatrième édition se tiendra en septembre prochain