Face à l'inflation, la filière cuir portée par le luxe et les exports en 2023

Metz - L'année 2023, marquée par une inflation persistante, a mis en difficulté certains acteurs de la filière cuir, mais le secteur, tiré par le luxe et les exportations, a su montrer sa résilience, selon le Conseil national du cuir (CNC).

En 2023, l'environnement était "relativement défavorable" pour la filière, "essentiellement à cause de l'inflation" et de son effet "absolument délétère" pour les entreprises comme les consommateurs, ce qui a l'effet d'une "double peine" pour les professionnels, indique à l'AFP Frank Boehly, président du CNC.

Beaucoup d'entreprises ont dû réduire leurs marges, les hausses étant "trop importantes" pour pouvoir être répercutées en totalité sur le consommateur. "Et en bout de chaîne, les consommateurs achètent moins", avec une baisse des ventes.

"Certains acteurs du cuir souffrent" et "beaucoup s'inquiètent", note le CNC en introduction de son dossier économique. La fin d'année est néanmoins plus propice à une amélioration, avec une réduction de l'inflation, note M. Boehly.

Entre août 2022 et juillet 2023, le prix de vente moyen d'un article en cuir a augmenté de 3,9%, contre une progression de +4,6% sur le prix de vente moyen d'un article de mode, toutes catégories confondues. Les nuages se dissipent en revanche pour le secteur du luxe, "qui porte une bonne partie de la filière". Selon le CNC, les accessoires en cuir se sont même montrés "surperformants" dans "l'ultra haut de gamme pris dans sa globalité".

L'export a aussi montré sa bonne santé, avec "un réel attrait" du Made in France à l'étranger, souligne Franck Boehly. Sur les huit premiers mois de l'année, les ventes des acteurs du cuir français à l'international ont progressé de +11% en valeur, particulièrement pour la chaussure et la maroquinerie. La progression sur les matières premières est en hausse plus légère, à +3%.

Cela permettra à la filière d'atteindre un chiffre d'affaires à l'export probablement proche de 20 milliards d'euros sur l'année, contre 18 milliards l'année précédente, "des progressions extrêmement intéressantes" pour M. Boehly.

L'excédent de la balance commerciale est estimé à 5,5 milliards d'euros, contre 4,4 milliards l'an passé. Le premier marché de la filière sera, comme en 2021, la Chine, avec des exportations en hausse de 12%. La filière reste toutefois "très attentive" à l'évolution de ce marché.

Pour les États-Unis, premier marché en 2022, une baisse de 2% est consécutive à "deux années de hausses prodigieuses" (+40% en 2021, +42% en 2022), ce qui n'est "pas vraiment un sujet d'inquiétude".

Par ailleurs, le marché de la seconde main a nettement progressé : "ça permet d'acheter des produits moins cher, surtout des produits en cuir, d'ailleurs, puisque les produits en cuir sont beaucoup plus durables, résistants, ils sont forcément très nombreux parmi les produits de seconde main", souligne Franck Boehly. (AFP)