Des perturbateurs endocriniens dans les vêtements?
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Ce n’est un secret pour personne, l’impact de la mode sur l’environnement est très net. Le cout écologique de la production massive de vêtement chaque année– 130 milliards de pièces – est conséquent. Pour faire simple, sans entrer dans le détail, disons simplement que la mode est la deuxième industrie la plus polluante dans le monde, après le Pétrole.
Trois principaux facteurs augmentent la nocivité de cet impact: premièrement, la consommation d’eau tout d’abord (il faut 2700 litres pour fabriquer un tee-shirt en coton, entre 7000 et 11000 litres pour un jean; globalement la production de coton exige énormément d’eau, contrairement au lin); deuxièmement, les polluants qui sont déversés dans l’eau et troisièmement, les émissions de gaz à effet de serre.
D’autres facteurs, moins quantifiés mais tout aussi marquants caractérisent cette nocivité. L’un de ces facteurs concerne les perturbateurs endocriniens qui se trouveraient dans les vêtements, d’après plusieurs rapports menés par Greenpeace, dans le cadre de la campagne Detox. Ces rapports concluent que dans deux tiers des vêtements échantillonnés, on retrouve des perturbateurs endocriniens (plus précisément des nonylphénols et phtalates) qui altèrent le fonctionnement du système hormonal des êtres vivants.
Greenpeace affirme cependant que ces perturbateurs sont en quantité trop faible dans un vêtement pour avoir un impact direct sur la santé du propriétaire. L’impact n’est pas direct, mais indirect, puisque, déversés dans l’eau par les usines textile ou nos machines à laver, ces perturbateurs se propagent inéluctablement vers nos assiettes en suivant une chaine complexe détaillée par l’association (voir schéma).
Une étude en cours pour évaluer l’impact environnemental des vêtements
Lentement mais surement, les esprits évoluent. Les consommateurs ont intégré la nocivité écologique de leur consommation textile, sans pour autant avoir trouvé de parade qui diminuerait cette nocivité. Du coté des enseignes, et notamment des enseignes de fast fashion, de nombreuses initiatives voient le jour : on pense par exemple à H&M qui invite ses clients à rapporter leurs vieux vêtements pour les recycler en échange d’un bon d’achat. Plus récemment, sept entreprises importantes dont Decathlon et Okaïdi ont accepté de travailler avec l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (Ademe) pour évaluer l’impact environnemental des vêtements. Le résultat de l’analyse des données sera connu mi-2018.
Ce paradigme interpelle également les jeunes pousses : quelques exemples : la marque de jeans 1083 ou les chaussures de sport Ector. Certains de ces jeunes labels font même de cette préoccupation écologique l’un de leur axe principal de communication. C’est le cas notamment de la marque parisienne Olly, fondée par trois jeunes diplômées d’ESCP Europe. “Un jour, nous avons appris que la mode était la deuxième industrie la plus polluante au monde. Ce fut comme un déclic dans notre tête. Si la mode nous faisait toujours rêver, il nous paraissait désormais évident qu'il fallait la repenser pour qu'elle soit plus respectueuse de l'environnement ».
Olly propose de la lingerie fabriquée en coton bio certifié GOTS. La charte GOTS interdit les perturbateurs endocriniens et autres substances toxiques comme les métaux lourds, les pesticides ou le chlore. Toutes les dentelles et tulles sont également confectionnés en Europe. Non pas pour sauvegarder des savoir-faire, mais pour réduire l’empreinte carbone liée au transport. A noter à ce sujet que depuis 2005, l’Union européenne interdit l’utilisation des NPE (ethoxylates de nonylphénol) et NP (nonylphénols) dans les pays membres, l’interdiction s’applique aux produits importés depuis 2015 seulement, avec un délai d’application de cinq ans.
Crédit photo : Greenpeace, Olly, dr