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Des candidats pour reprendre Kookaï, une marque française sous pavillon australien

Par AFP

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Magasin Kookaï. Credits: Valerie Dubois/Hans Lucas via AFP

Paris - Plusieurs candidats se sont manifestés pour reprendre Kookaï, marque française de prêt-à-porter en redressement judiciaire, qui s'est construite sur l'insolence de ses publicités, mais a "perdu son histoire française" depuis son rachat par un Australien, disent ses salariées.

Sept offres ont été déposées, dont une par le Groupe Beaumanoir et une autre par Antonelle-Un jour ailleurs, selon une source proche du dossier à l'AFP. "Il n'y a plus de prise de risques [stylistiques] chez Kookaï", regrette Hélène, qui a souhaité, comme l'ensemble des employées interrogées par l'AFP, garder l'anonymat en cette période compliquée où se joue le destin de l'entreprise (tous les prénoms ont été modifiés).

Depuis 13 ans chez Kookaï, elle a vu la marque lancée en 1983 en France être rachetée en 2017 par l'homme d'affaires australien Rob Cromb au groupe Vivarte (qui comprenait alors Caroll, Minelli, La Halle, Naf Naf, Chevignon...), liquidé en 2021.

Puis, elle a vu l'enseigne sous pavillon australien opérer "un virage à 360 degrés". Les "Kookaïettes" - ces "jeunes femmes impertinentes et cruelles avec les hommes", selon les campagnes de pub de la marque remarquées dans les années 90 notamment - "ne se reconnaissent plus", affirme Hélène, 61 ans. Désormais, Kookaï "ressemble à ce qu'on trouve un peu partout ailleurs, pour une clientèle de working girls", offrant "des tailleurs un peu classiques" qui restent chers : 139 euros la robe, 149 euros la veste.

Les salariées relèvent aussi que, calibré pour des Australiennes, le style n'enchante pas les Françaises : jupes trop courtes, décolletés trop plongeants, "les clientes nous disent : je ne m'habille pas comme ça", relate Joséphine, près de 20 ans de métier, qui souligne que la taille 44 a disparu.

Rob Cromb ayant "ses propres usines, au Sri Lanka ou aux Fidji", le changement de circuit de fabrication pose également problème : "Il y a des soucis avec les coupes, des vestes où on ne peut pas lever les bras ou avec des bosses dans le dos", affirme Joséphine.

"Manque de communication"

"C'est dommage de voir que les marques françaises se cassent la figure. Désormais, vous devez acheter du luxe, du discount ou des marques étrangères comme Zara", déplore Marie, qui travaille depuis plus de dix ans chez Kookaï. Placée en redressement judiciaire en février, l'entreprise avait présenté un plan de continuation au tribunal de commerce de Paris. Mais ce dernier a jugé en septembre que la trésorerie était insuffisante pour le financer, ouvrant la voie au rachat de l'entreprise.

"Nous avons reçu plusieurs marques d'intérêt, mais nous n'avons pas accès au détail des offres", a indiqué lundi la direction à l'AFP. "Seul le juge les examinera et l'audience est prévue pour début novembre", a-t-elle précisé. Kookaï a "subi de plein fouet la crise du Covid et l'effondrement du marché du prêt-à-porter moyen de gamme en France" et "s'est vite fait rattraper par les concurrents étrangers que sont Zara, H&M ou plus récemment SheIn", selon l'enseigne.

Elle estime que le placement en cession doit "permettre à l'entreprise de financer ce plan de relance, de payer les salaires et d'éviter la liquidation" grâce à l'ouverture du capital à de potentiels investisseurs.

Les salariées interrogées par l'AFP, elles, dénoncent un "manque de communication" de la direction dans la procédure et d'écoute "des salariées sur le terrain" qui tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs années, constatant le désamour des clientes, les problèmes de réassort, les ventes en baisse. Elles estiment aussi qu'il y a eu des erreurs de gestion et que le groupe a par exemple "vendu des magasins porteurs" à Lyon et à Paris, explique Joséphine.

Hélène, proche de la retraite, pense à ses collègues, "souvent seules, avec des enfants, des crédits, de moyenne d'âge 40-45 ans et qui sont très inquiètes".

Kookaï détient une centaine de magasins en France et est notamment présent en Espagne, en Suisse, aux États-Unis et en Australie. En 2022, le groupe affichait un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros, en hausse de 18% par rapport à 2021, mais en baisse de 25% par rapport à 2019. (AFP)

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