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DEFI 2019: la mode française en danger?

Par Herve Dewintre

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La mode française en danger? C’est le message principal qui ressortait de l’appel lancé cet hiver par les principaux dirigeants des federations et syndicats professionnels concernés. Parmi eux figurait Lucien Devaux, president du DEFI, organisme fondé en 1984. Le DEFI dispose d’un budget annuel d’environ 10 millions d’euros. Cette somme est receuillie grâce à une taxe affectée sur l’habillement et aux 3500 entreprises qui la financent. Ce budget est réinvesti dans quatre grands postes : accompagnement des jeunes créateurs, renforcement de l’image de Paris en tant que Capitale de Mode, aide à la transmission du savoir-faire français, soutien à l’innovation. Un rôle décisif donc, unanimement reconnu jusqu'à maintenant.

Cet appel était un cri d’alarme. Les professionnels s’inquiétaient d’une possible nouvelle taxe de 7 pour cent sur la création française. Cette taxe décidée par Bercy menaçait selon eux l’écosystème du secteur. Cette taxe aurait été soustraite des recettes du DEFI au profit de l’Etat. Cette ponction atteindrait 20 pour cent en 2020. Une baisse des ressources d’autant plus incompréhensible que le secteur de la mode ne demande aucune aide ni subvention. « Il a su de lui-même mettre en place une taxe optimale en instaurant un système efficace et exemplaire sans peser sur le budget de l’Etat » soulignait l’appel.

Les professionnels demandaient donc que les ressources du DEFI soient respectées et que son apport crucial soit reconnu. D’autant plus qu’on parlait déjà de fusionner le DEFI avec d’autres organismes « qui n’ont ni le même but ni la même organisation ». Ce dispositif qui a fait la preuve de son efficacité allait-il être respecté par le ministre de l’économie ?

La taxe supplémentaire sera bien appliquée

Début janvier, Clarisse Reille, qui assure la direction générale du DEFI a publié quelques éléments de réponses, du moins en ce qui concerne l’année 2019, sur son compte Linkelin. La taxe sera bien appliquée : les actions de soutien du DEFI baissent de 6,2 pour cent (au lieu des 7 pour cent initialement annoncés). « La loi de finances a instauré un plafond de 9381 K€ de ressources ce qui signifie que toute somme collectée au-dessus de ce montant sera reversée au Budget de l’Etat. Parallèlement, le Ministre de l’Economie a baissé le taux de la taxe DEFI de 0,07 pour cent à 0,0675 pour cent. » , La directrice générale précise néanmoins que ces dispositions sont en ligne avec le budget que le conseil d’administration du DEFI a voté pour cette année. Ce qui signifie que « sauf catastrophe, nous n’aurons pas à supprimer des actions en cours d’année, ce qui aurait été le cas si le taux fixé par le Ministère avait été trop bas. » Notons cependant que d’ores et déjà les aides de soutien du DEFI à la création et à l’internationalisation des PME seront en baisse de 12 pour cent par rapport à 2018. Personne ne sait, à l’heure actuelle, si l’augmentation de cette ponction aura bien lieu en 2020.

Ce mardi matin, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, et Franck Riester, ministre de la Culture, signent le Contrat stratégique de filière « Mode et Luxe » à la Cité de la Mode et du Design. D’après Bercy, ce contrat « répond aux enjeux auxquels fait face la filière : le bouleversement de la chaine de valeur né de l’introduction du numérique, la concurrence à laquelle est soumise la place de Paris comme capitale de la mode, les difficultés de recrutement des entreprises industrielles du secteur, le maintien sur le territoire national d’un outil de production compétitif et sa transformation vers l’industrie du futur, ainsi que la prise en compte des impératifs environnementaux ». Pour rappel, l’industrie de la mode représente 154 milliards d’euros de chiffres d’affaires avec 617 000 emplois directs. Soit directement 1,7 pour cent du PIB français et 2,7 pour cent en comptant les effets induits, dont près de 35,7 milliards d’euros réalisés à l’exportation. Soit une fois et demie le chiffre d’affaires généré par l’industrie aéronautique.Bruno Le Maire lancera également le nouvel Institut français de la mode, issu du rapprochement entre l’Institut français de la mode (IFM) et l’Ecole de la chambre syndicale de la Couture.

Credit photo : DEFI, dr

Bruno Lemaire
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