Decathlon change d’avis en ce qui concerne le Hijab
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Aucun consensus social ne semble pour l’instant se dessiner en France autour du Hijab. Pour rappel, le Hijab est un voile ou un foulard destiné être porté par les femmes musulmanes qui souhaitent couvrir leurs cheveux. Il peut prendre des formes et des couleurs très diverses. La gamme d’étoffe qui permet sa realisation est vaste. C’est précisement la dimension religieuse et la signification accolée à ce vetement qui scindent l’opinion publique en deux camps irréconciliables. Pour les uns, plutot minoritaires, les femmes sont libres de choisir les vêtements de leurs choix. “On peut être feministe et porter le voile” indique Rokhaya Diallo. Pour les autres, majoritaires, le hijab est un instrument qui affirme la soumission des femmes qui le portent à l’islamisme d’une part, aux hommes d’autre part. Deux rhétoriques, deux visions utilisant les mêmes termes – liberté, soumission – pour des conclusions diamétralement opposées.
“Une exception française”
Decathlon a fait cette semaine les frais de cette absence totale de consensus. L’équipementier nordiste, dans la lignée de Nike, avait annoncé vouloir commercialiser un Hijab de Running à partir de mi-mars. Il était, selon le site de l’enseigne, destinée aux femmes qui souhaitent pratiquer la cours à pied tout en gardant leurs cheveux et leur nuque cachés. En polyester, il permettait à celles qui le portent de “gagner en confort” lors de leur séance de running. L’enseigne française commercialisait d’ores et déjà un hidjab créé par Kalenji (une marque du groupe) sur son site marocain.
Très vives pour la plupart, les réactions ne se sont pas fait attendre, à droite comme à gauche. Il s’agit globalement pour les détracteurs du voile de défendre un modèle de société, de culture commune. Lydia Guirous, porte parole du parti les Republicains a tiré la première, accusant Decathlon de “se *«soumettre à l’islamisme qui ne tolère les femmes que la tête couverte d’un hijab pour affirmer leur appartenance à la oumma et leur soumission aux hommes».*François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux Européennes, voit dans la promotion du Hijab une “nouvelle intrusion du communautarisme islamique dans l’espace public”. Le president du Modem, François Bayrou est quant à lui “persuadé que nos compatriotes musulmans ne demandaient pas ça du tout”.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn, interrogée à ce sujet ce matin sur RTL, a regretté la mise en vente de cet accessoire par une marque française. “«Il est évidemment permis, et on sait bien que la laïcité en France permet le port du voile. C'est notre société. Mais personnellement, je n'ai pas envie qu'on favorise la différenciation entre les hommes et les femmes». Quelques voix issues de la majorité ont néanmoins affirmé vouloir dire « stop à l’hystérie collective ! ». Aurélien Taché, membre LREM a ainsi indiqué « «Cette obsession du voile et de l'Islam, niché dans l'inconscient du républicanisme, est une exception française dont on se passerait bien». D'un point de vue strictement légal, l'Observatoire de la laïcité, rattaché à Matignon, a rappelé par la voix de son rapporteur qu'une entreprise privée comme Décathlon est libre de vendre ce qu'elle veut, sans que l'Etat laïque ait à s'en mêler.
Face à cette vaste vague de protestations, Decathlon a dans un premier temps souhaité maintenir la commercialisation du Hijab de running. Ce lundi encore, la marque expliquait sur twitter : «Nous nous concentrons sur la démocratisation de la pratique du sport. Le fait est que certaines femmes pratiquent la course à pied avec un hidjab, souvent peu adapté. Notre objectif est simple: leur proposer un produit sportif adapté, sans jugement». Xavier Rivoire, responsable de la communication externe de Decathlon avait indiqué à l’AFP: «Nous assumons complètement le choix de rendre le sport accessible pour toutes les femmes dans le monde. C’est presque un engagement sociétal, si cela permet à des coureuses de pratiquer la course à pied, nous l’assumons avec sérénité»**. * Il ajoutait que le produit serait disponible en France et partout dans le monde dans les magasins Décathlon qui en feraient la demande.
Ce mardi après-midi, la marque a finalement fait marche arrière. C’est encore Xavier Rivoire qui a pris la parole, cette fois sur RTL pour annoncer: « «Nous prenons effectivement décision, en toute responsabilité, en ce mardi soir de ne pas commercialiser à l’heure qu’il est ce produit en France.» Le hijab a disparu du site français. Il n’est plus proposé non plus sur le site marocain. Sur twitter, la marque a indiqué : « notre service client a reçu plus de 500 appels et mails depuis ce matin. Nos équipes dans nos magasins ont été insultée et menacées, parfois physiquement » avant de lancer un appel au calme.
Crédit photo: capture d’écran decathlon.sn