Cri d’alarme des professionnels de la mode: Bercy propose de soustraire à son profit 7 pour cent des ressources du DEFI
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L’appel est signé par les principaux dirigeants des fédérations et syndicats professionnels concernés: Pierre-François Le Louët, Président de la Fédération Française du Prêt-À-Porter Féminin ; Claude Miserey, Président de la Fédération Française des Industries du Vêtement Masculin ; Claude Tétard, Président de la Fédération Française des Industries de Chemiserie Lingerie ; Daniel Crépin, Président de la Fédération des Industries Diverses de l’Habillement- Mode et Accessoires ; Marc Pradal, Président de l’Union Française des Industries Mode et Habillement ;Christian Pimont, Président de l’Alliance du Commerce et de la Fédération des Enseignes de l’Habillement. Mais aussi, car il est le principal concerné : Lucien Devaux, Président du DEFI qui est un organisme créé en 1984.
Le DEFI dispose d’un budget annuel de 9,5 millions d’euros receuillis grâce à une taxe affectée sur l’habillement et aux 3500 entreprises qui la financent. Ce budget est réinvesti dans quatre grands postes. La première mission du DEFI est d’accompagner les jeunes créateurs de mode, en favorisant le développement pérenne des jeunes entreprises par un appui financier (depuis 2012, grâce à un fond de garanti, le DEFI a notamment assuré pour 5 millions d’euros de prêts bancaires et permis à 30 jeunes créateurs de multiplier leur chiffre d’affaires par trois) et logistique (prise en charge d’une partie des frais de défilés, accompagnement dans la participation aux salons professionnels, prix aux jeunes créateurs via le concours de l’ANDAM).
Le DEFI a également pour mission de renforcer l’image de marque de Paris en tant que capitale de mode (financement du Centre International de Presse et d’informations du Palais de Tokyo, financement de Designers Apartment, un showroom – le premier de ce genre – dédié à la création française d’avant-garde). 3eme mission : transmettre le savoir-faire française grâce notamment à un soutien à L’Institut Français de la Mode et à l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Enfin cet organisme a également vocation à soutenir toutes les innovations notamment en finançant les technologies clés du futur de la filière Habillement : dans ce cadre, le DEFI finance par exemple 12 startups Fashion Tech à Fashion F et soutient les Fashion Tech Days. On retrouve dans le conseil d’administration de cet organisme des personnalités de premier plan du secteur de la mode (Guillaume de Seyne préside la commission des finances, la direction générale est assurée par Clarisse Reille).
“La mode en danger”
“Sans que l’on sache d’où vient cette idée, l’administration de Bercy s’est mise en tête de réduire encore les ressources, déjà rares, du DEFI » indique Pierre-François le Louët dans l’éditorial de la newsletter de la Fédération Française du Prêt-À-Porter Féminin. Or, contrairement à toutes les assurances données en public récemment par les plus hautes autorités de l’Etat, et notamment le Ministre de l’Economie, il semble bien qu’un certain nombre de responsables de l’Etat envisagent de s’attaquer à très court terme à ce dispositif – qui a pourtant fait les preuves de son efficacité – en diminuant de manière substantielle ses ressources (alors même qu’il s’agit de l’argent des entreprises!) et en le fusionnant avec d’autres organismes qui n’ont ni le même but ni la même organisation, pour des objectifs assez difficiles à comprendre ».
Ce cri d’alarme a été relayé par l’ensemble des professionnels cités ci dessus dans une déclaration commune publiée par le magazine L’Opinion en début de semaine. “Alors que la Fashion Week de Paris bat son plein, l’administration fiscale impose une nouvelle taxe de 7 % sur la création française, menaçant tout l’écosystème du secteur. Cette annonce a sidéré les professionnels qui avaient salué le discours d’Emmanuel Macron le 5 mars dernier soulignant le rôle des créateurs dans l’économie.
Concrètement, l’administration propose de soustraire à son profit 7 pour cent des ressources du DEFI. En 2020, la ponction de l’Etat serait de 20 pour cent. Une baisse des ressources conséquentes donc pour le DEFI. Baisse d’autant plus incompréhensible pour les professionnels du secteur que l’industrie de la mode, soulignent-ils, représente 150 milliards d’euros de chiffres d’affaires, soit directement 1,7 pour cent du PIB français et 2,7 pour cent en comptant les effets induits, dont près de 40 milliards d’euros réalisés à l’exportation. Soit une fois et demie le chiffre d’affaires généré par l’industrie aéronautique. « La richesse apportée au pays par l’industrie de la mode est supérieure à celle des industries aéronautiques et automobile réunies » insistent ces professionnels qui concluent ainsi leur appel : « Le secteur de la mode ne demande aucune aide ni subvention. Il estime qu’il a su mettre en place une « taxe optimale » en instaurant un système efficace et exemplaire sans peser sur le budget de l’Etat. Les professionnels demandent que les ressources du DEFI au profit des entreprises soient respectées et que son apport crucial à cet écosystème soit reconnu ».
Credit photo: DEFI, Designers Apartment,dr