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Coton ouzbek : réhabilitation et montée en gamme

Par Odile Mopin

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Texworld

Une première : la filière du coton ouzbek était présente sur Texworld, le salon des tissus du monde organisé par Messe Frankfurt France. Sixième producteur de coton du monde, l’Ouzbékistan veut faire mieux connaître la nouvelle organisation de sa chaîne de valeur, redorer son blason et se positionner en Europe.

La filière, représentée par l’association professionnelle Uztextilprom, a longtemps eu très mauvaise presse. Elle s’est attelée à opérer son « RSE washing » au cours de ces dernières années.

Flash-back : « l’or blanc » Ouzbek est cultivé depuis le 19 ème siècle alors la Russie lance dans le Turkestan un vaste programme d’expansion dans la vallée de Ferghana, l’actuel Ouzbékistan turcophone. L’Ouzbékistan sous domination soviétique jusqu’en 1991 développe de façon effrénée la culture, ce qui aura des conséquences dramatiques sur l’écologie de la région : la très forte irrigation que nécessite le coton, assortie à une course aux rendements sans discernement a conduit à l’assèchement de la Mer d’Aral.

La lutte contre le travail des enfants et le travail forcé

Le coton ouzbek fut aussi longtemps boycotté par les grandes marques, à cause du travail forcé, des adultes comme des enfants, qui sévissait dans cette industrie. La mort, en 2016, du dirigeant autoritaire Islam Karimov, l’arrivée de son successeur Chavkat Mirzioïev va progressivement changer la donne. L’État veut se débarrasser de l’image déplorable en occident que traîne l’une de ses principales industries et qui entraîna une campagne de boycott internationale. Le nouveau président assainit les pratiques et éradique le travail des enfants, supprime le travail forcé des étudiants, fonctionnaires, contraints à la cueillette pendant la saison. Selon un récent rapport de l’OIT (Organisation internationale du travail), le pays a réussi à accélérer la lutte contre le travail des enfants et le travail forcé pendant le cycle de production. Depuis cinq ans, les fermes ont été évaluées par l'OIT, qui certifie que tous les travailleurs ont des salaires et des conditions décents.

Texworld

Le pays développe aujourd’hui, dans le cadre de son plan stratégique commercial 2022-2026, un remodelage de sa filière : venu défendre le renouveau du coton de son pays et attirer des investisseurs, l’ambassadeur d’Ouzbékistan en France, Sardor Rustambaev, a rappelé quelques fondamentaux. Le plan de développement est marqué par une libéralisation de l’économie et du système fiscal : l’Ouzbékistan (35 millions d’habitants) s’est orienté vers un modèle de convertibilité de la monnaie nationale, assortie d’une baisse des impôts sur les sociétés et à un accès aux crédits facilité.

L’effort sur la valeur ajoutée est également à l’ordre du jour : le pays exporte du coton brut comme matière première. Mais aujourd’hui, la chaîne de valeur a été approfondie. Un million de tonnes de fibres de coton est produit annuellement, production transformée dans les entreprises du pays : 448 entreprises textiles regroupées en clusters. Elles produisent 862 000 tonnes de fils, 716 millions de mètres carrés de tissus chaîne et trame, 203 000 tonnes de maille, près de deux millions de produits finis (soit 45 pour cent du total). Le tout exporté, en 2021 vers 62 pays pour un peu plus de 3 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros). L’objectif de 3,3 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros) est visé pour 2022.

Vers l’Union Européenne, l’Ouzbékistan amorce sa percée : les nouvelles conditions mises en place lui ont permis de bénéficier d’incitations spécifiques, pour favoriser le développement durable et une gouvernance plus vertueuse. Ces nouvelles conditions ont fait de l'Ouzbékistan le neuvième pays bénéficiaire d'incitations spéciales, à commencer par le SPG (système de préférences tarifaires généralisées) permettant les échanges à taxes très réduites.

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