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Contrôle qualité et blockchain: vers une nouvelle culture d’entreprise

Par Anne-Sophie Castro

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Parce que les consommateurs demandent aujourd’hui une meilleure qualité et plus de transparence dans les produits qu’ils achètent, le contrôle qualité est une étape clé dans le processus de fabrication de l’industrie de la mode. Ces dernières années, de nouvelles normes sont apparues dans le secteur et la blockchain serait aujourd’hui l’outil le plus performant qui permettrait de stocker et de transmettre des informations dans toute la filière, du producteur au distributeur, en toute transparence et de manière sécurisée.

Qu’est ce que le contrôle qualité ?

En quelques mots, ce processus mis en œuvre dans les usines textiles permet de maintenir la meilleure qualité à toutes les étapes de la fabrication des produits : la vérification de la qualité des couleurs, des matières, des coutures, des défauts ou encore la résistance du produit final. Dans le secteur de l'habillement, le prêt-à-porter, les accessoires et les chaussures doivent être fabriqués dans les mêmes dimensions, comporter des coutures nettes et solides et appliquer les mêmes normes. Les ouvriers des usines devraient être formés pour maintenir ces normes, puisque chaque processus sera ensuite vérifié par un responsable ou un spécialiste du contrôle de la qualité avant l'exécution de l’étape suivante.

Trois étapes agissent sur l’ensemble de la fabrication. La première, avant la production. Au fur et à mesure que les matières premières arrivent à l'usine, leur livraison, leur qualité générale, leur taille et leur couleur sont vérifiés. Deuxième étape, pendant la fabrication où des contrôles ponctuels doivent être effectués pour la qualité de fabrication globale pendant que les articles progressent dans la chaîne de production. À la fin du cycle de production, les contrôles de qualité garantissent que les couleurs, imprimés ou coupes du produit final correspondent bien à sa fiche technique. Des tests sont réalisés au préalable sur un prototype, puis toutes les vérifications finales sont effectuées avant que le produit ne quitte l’usine ou l’atelier, évitant ainsi que l'inspection finale ne rejette l'expédition des marchandises...

La blockchain dans la mode

« La technologie des blockchains laisse entrevoir un mouvement de transformation historique d'un grand nombre de secteurs », publiait Les Echos en début d’année. Cette technologie, dont les entreprises ne parlent encore qu’à demi-mot, est un outil d’analyse de données informatisées qui permet de remonter «jusqu’à la source » en offrant le plus de renseignements possibles sur l’ensemble des étapes de fabrication d’un produit. Chaque fois que le produit change de main, il est automatiquement enregistré dans le système. Ainsi, la blockchain informe non seulement sur les processus effectués dans les usines, mais aussi sur la provenance exacte des matières premières, leur composition, les heures dédiées sur chaque machine ou encore le nom des ouvriers chargés de réaliser une tâche spécifique.

Utilisée dans l’alimentation ou la finance, la blockchain a fait son incursion dans la mode l’an dernier. Contactée par FashionUnited, la start-up britannique Provenance a présenté en mai 2017, lors du Fashion Summit de Copenhague, la première chaîne de vêtements, en binôme avec la créatrice Martine Jarlgaard, qui intègre ce nouvel outil intelligent. "Notre projet pilote avec Martine Jarlgaard a joué un rôle clé dans le développement de ce concept, en suivant un article vestimentaire de la ferme jusqu’à la conception du vêtement final. L'industrie de la mode a besoin de plus de transparence et nous sommes heureux de travailler avec plus de marques, en les aidant à communiquer l'origine, l'itinéraire et l'impact de leurs vêtements. Nous nous concentrons actuellement sur le développement du nombre de designers et de marques avec lesquels nous travaillons, comme Martina Spetlova, designer basée en Angleterre ou le fabricant de chaussures américain Fucsia Inc. Nous avons également commencé à travailler avec notre premier créateur de bijoux, Anuka Jewellery. Nous avons une série de projets plus importants en cours de validation avec des marques de mode, mais nous préférons ne pas les communiquer pour l’instant."

Aujourd’hui on parle surtout de blockchain comme une technologie sur laquelle le bitcoin est construit loin des planches à billet des devises traditionnelles : une crypto-monnaie - monnaie numérique qui peut être utilisée pour acheter des choses réelles et qui est favorisée par la manière dont elles peuvent accélérer le transfert d'argent en éliminant les intermédiaires, comme les grandes banques, par exemple- qui voit sa valeur varier et parfois même exploser notamment chez les jeunes américains. Une étude réalisée par Coinbase, la plateforme d’échange de crypto-monnaies, montre que 18 pour cent des étudiants américains détiendraient actuellement des devises virtuelles. 17 pour cent affirment avoir de très bonnes connaissances en matière de blockchain et de crypto-monnaies ; un engouement qui laisserait présager de fructueuses alternatives au système économique actuel. Pourtant, la valeur du bitcoin, encore très instable, freine les investisseurs. Elle se serait envolée à plus 18 000 euros l’an dernier à la Bourse de Chicago et serait retombée depuis à 6 227 euros (valeur au 3 septembre 2018).

Aujourd’hui dans le secteur textile, la blockchain présenterait deux grands avantages, aussi bien pour les consommateurs que pour les entreprises. Pour les consommateurs, elle procurerait une transparence indéniable dans le processus de fabrication des marques de mode. Pour les entreprises, elle permettrait non seulement de créer des écosystèmes de mode éthiques, mais aussi d’atteindre leur objectif final : étudier avec précision leurs dépenses sur chaque étape de fabrication et réaliser un maximum de bénéfice.

Nouvelle culture d’entreprise et repositionnement

En pleine mutation des modes de fabrication, de la valorisation des « Made in » européens, de la relocalisation, de l’émergence des organisations écofriendly, les entreprises commencent à changer leur façon de travailler et arrivent même à se considérer comme une organisation éthique. Finalement, une plus grande transparence dans les chaînes d'approvisionnement pourrait créer de nouvelles incitations au changement, à l’effet boule de neige... Quant aux Millénials, les entreprises le savent, ils rejettent aujourd’hui plus amplement la fast fashion et dirigent leurs achats vers des marques éthiques, plus humaines et plus justes, quitte à payer un peu plus cher.

Pour Leonardo Bonanni, le fondateur de SourceMap -un logiciel de cartographie de la chaîne d'approvisionnement qui utilise la blockchain- le manque de traçabilité et de transparence des groupes de fast fashion comme H&M ou Primark sont souvent dénoncés par les consommateurs et les associations. Il explique au site américain Fashionistas que "les chaînes d’approvisionnement de la mode sont bien trop compliquées pour être tracées à l’aide d’une communication traditionnelle de personne à personne". Il souligne « le besoin d’une technologie très avancée pour suivre la mode, en particulier dans la fast fashion où les collections sont rapides et les sous-traitants mondiaux ».

De fait, des entreprises comme Loomia travaillent sur des solutions pour collecter les données des consommateurs directement à partir des textiles et les enregistrer sur la blockchain.

«Nous supervisons une période de transition», déclarait Ian Rogers, responsable de la transformation numérique du groupe LVMH, en marge de la conférence VivaTech à Paris en mai dernier. «L’origine de la croissance d’ici 15 ans est différente de celle d’il y a 15 ans.»

Tandis que certaines Maisons de mode tentent d’introduire les dernières avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle et la blockchain dans leur structure, LVMH adopterait pour le moment une approche plus conservatrice.

Crédit photo : Provenance

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