Comment La Gentle Factory souhaite redonner du sens aux achats de vêtements

Mine de rien, la marque lilloise Gentle Factory, est en train de prendre ses marques et d'imprimer durablement son message dans les esprits. Ce label est né en 2013 au sein de la galaxie Mulliez, plus précisément au cœur de la holding Happychic qui regroupe les entreprises exploitant les marques Brice, Bizzbee et Jules (ex Camaïeu Homme). Un label totalement nordiste donc, et qui assume pleinement son ancrage dans les Hauts de France puisqu’il a à cœur de faire travailler les producteurs locaux.

L’une des premières particularités de la marque, créée sous l’impulsion de Christele Merter, ingénieure textile en charge de la qualité et du développement durable au sein d’Happychic pendant 10 ans, c'est de rendre la mode éco-responsable, accessible à tous. Une gageure quand on est née précisément dans un groupe qui a fait de la grande distribution entrée de gamme son cœur de métier. Un tiers des produits sont fabriqués avec des fibres recyclées, un tiers des produits sont faits avec des fibres biologiques. Globalement, plus de la moitié des produits de La Gentle Factory sont constitués de matières respectueuses de l'environnement. Deuxième particularité : la volonté de privilégier le travail solidaire : Christele Merter choisit en priorité les entreprises offrant des emplois aux personnes fragilisées. Enfin, dernière particularité et non des moindres, la marque s'engage dans une production 100 pour 100 made in France.

Tripler le chiffre d’affaires en trois ans

La marque a pris son envol cette année. Littéralement. Elle a quitté le giron d’Happychic - où elle se matérialisait par des collections capsules, puis des collections permanentes développées au sein des enseignes du groupe - pour devenir une entreprise indépendante libérée de toutes obligations envers la holding lilloise. « Ca devenait compliqué de rester chez Happychic qui commercialise ses marques avec ses propres magasins et n’a pas d'approche B to B et donc pas de process adapté » indique Christele Merter qui en janvier 2019 rachète le fond de commerce avec l’aide de MBA Capital, un cabinet de fusion-acquisition financé par Happychic.

L’ingénieure entrepreneuse réussit également à lever un million d’euros grâce à son réseau de partenaires qui la mettent en relation avec des investisseurs. La marque s'installe alors à Roubaix, où elle est née, avec son équipe de 10 personnes, au sein d’une ancienne filature. La marque qui a participé à la création de 26 emplois en France est aujourd'hui distribuée dans 70 points de vente et devrait atteindre le million d'euros de chiffre d'affaires cette année avec une croissance à deux chiffres. Christele Merter entend bien tripler son chiffre d'affaires en trois ans sans changer l’ADN de la marque : œuvrer à un monde meilleur, fil après fil.

« Donner du sens à nos achats »

Pour rendre véritablement l’éco-responsabilité vestimentaire accessible à tous, la marque joue à fond la carte de la transparence. Pour les soldes par exemple, la marque propose à ses clients de choisir leur réduction (entre – 15 et – 30 pour cent) en expliquant la finalité de chacune des remises proposées. En choisissant les 30 pour cent, le client participe à différentes étapes de fabrication et de transport mais aussi à l'achat du tissu et des fournitures. Avec les 15 pour cent, la réduction est moins important, mais l'investissement du client est plus conséquente, notamment dans le financement des équipes : en effet, la marque communique précisément aux clients ce qui compose le prix des pièces et ce que leur achat, devenu porteur de sens, va permettre de financer. Quelques chiffres : en 2019, La Gentle Factory a produit 70 000 pièces, a travaillé avec 60 partenaires fabricants répartis en France. La moitié du chiffre d'affaires se fait sur la e-boutique. Du point de vue du bilan énergétique, la marque estime qu'elle a économisé 12 tonnes de C02 et 82 millions de litres d'eau économisés grâce au recyclage et aux circuits courts.

Crédit photo : La Gentle Factory