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Comment Adidas veut mettre fin à la crise mondiale du plastique

Par Herve Dewintre

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Les avancées de l'humanité s'articulent autour de matériaux qui eux-mêmes définissent des périodes historiques clairement circonscrites. L'âge de bronze, qui succéda à l'âge de pierre, constitua une étape importante de l'évolution des sociétés européennes, tant sociales que technologies, en permettant à la métallurgie de s’épanouir. Même constat pour l’âge de fer : en augmentant les rendements agricoles, la maîtrise du fer a favorisé l'extension des défrichements et la sédentarisation des populations. Nous vivons actuellement ce que les historiens du futur appelleront vraisemblablement l’âge de la bakélite. C'est à dire du plastique. Depuis le début du XXème siècle, le plastique a permis, n'en doutons pas, des avancées considérables qui vont bien au-delà des objets qui nous environnent au quotidien : si nous vivons plus longtemps, c'est grâce au plastique qui a révolutionné le domaine de la médecine, en contribuant à la réduction des coûts, des maladies infectieuses et en allégeant les procédures chirurgicales. Le plastique sauve des vies.

Parce qu’il est à usage unique, parce qu’il se dégrade difficilement, le plastique pollue également la planète comme autant matériau ne l’a fait avant lui dans l’histoire de l’humanité. Nous nous trouvons donc face à un paradoxe : comment gérer cette matière qui aide l’humanité à vivre plus longtemps tout en dégradant dans le même temps son environnement ? Cette question essentielle, vitale, anime depuis plusieurs années l’industrie de la mode qui utilise intensivement cette matière de synthèse à bas coût et à rendement élevé.

Plusieurs initiatives ont vu le jour, de la part des marques mais aussi des sociétés de service : on pense notamment à la société Betak qui, dans un manifeste publié cette année, promet de réduire sa consommation plastique à usage unique dans le cadre des évènements (défilés, présentations) qu'elle organise pour ses clients prestigieux. Globalement, l'industrie de la mode répond à ce défi en promettant de réduire sa consommation. Cette réponse s'inscrit dans le cadre d'une lutte plus globale en faveur du développement durable.

La réponse la plus ambitieuse est finalement venue des équipements sportifs. Cela n’est pas surprenant : habitués aux innovations technologiques sur lesquelles se fondent généralement leur prestige, les marques de sport maîtrisent l'art de la révolution industrielle et plus globalement, de la performance au sens large. C'est le cas notamment d’Adidas qui multiplie les collaborations et les partenariats avec les start-up, les labels innovants et les organisations de pointe, depuis plusieurs années, en faveur de la lutte contre la pollution plastique.

La marque a récemment misé sur le savoir-faire de la société californienne Allbirds qui développe des matériaux inattendus à base de fibre d'eucalyptus, de canne à sucre ou de laine mérinos pour accélérer sa transition écologique vers la neutralité carbone : une chaussure de sport performante et confortable, issue de cette collaboration récente, verra bientôt le jour. Cette actualité nouvelle n'est cependant que la cerise sur le gâteau d'un engagement plus profond, initié depuis cinq ans avec le réseau Parley.

Cette organisation a formé des alliances avec des partenaires majeurs comme Adidas d’une part, mais aussi Anheuser Busch InBev (Corona) et American Express ; la Banque mondiale, le SACEP (Programme coopératif pour l'environnement d'Asie du Sud), l'Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, l'Inde, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka. Elle possède également des collaborateurs issus des milieux de la science, de l'art, du design, du divertissement et de l'exploration spatiale et océanique. L’organisation se focalise essentiellement sur l'élaboration de projets visant à mettre un terme à la destruction des océans et plus globalement a mettre fin à la crise mondiale du plastique.

Ce partenariat fut présenté pour la première fois à l’ONU en 2015, à New York, à l'occasion d'un événement intitulé « Oceans. Climate. Life. » au cours duquel Cyrill Gutsch, le fondateur et PDG de Parley, avait détaillé sa stratégie pour mettre un terme à la pollution marine par les plastiques. Cette stratégie reposait sur trois piliers : les deux premiers piliers sont classiques : il s'agit d'une part d'éviter d'utiliser le plastique partout où cela est possible; et d'autre part, de récupérer des déchets plastiques dans l'environnement. Le troisième pilier est plus singulier : il s'agit de repenser le plastique en inventant de nouveaux matériaux. Adidas et Parley avait alors dévoilé une chaussure à la tige confectionnée à l'aide de filaments faits de déchets plastiques et de filets maillants illégaux récupérés et recyclés : une première dans l’industrie.

« Ce que nous avons accompli avec Adidas tient du miracle »

Depuis, le partenariat est à la tête de l’éco-innovation dans l'industrie et est à l'origine d'un mouvement global en faveur des océans par le biais du sport. « Il ne suffit pas de changer notre manière d'agir. Il faut changer la manière dont toute l'industrie agit, » affirme James Carnes, vice-président responsable de la stratégie de marque chez Adidas.Au cours des cinq dernières années, Adidas a ainsi graduellement éliminé le polyester vierge de ses produits et, d'ici la fin de l'année 2020, plus de 50 pour cent du polyester utilisé dans les produits de l'entreprise sera issu du recyclage. L’objectif : éliminer progressivement le polyester vierge de l'ensemble de ses produits d'ici 2024.

« Étant donné l'ampleur des problèmes auxquels nous nous attaquons, nous avons l'impression de n'en faire jamais assez ni assez vite. Cependant, avec le recul, ce que nous avons accompli avec Adidas tient du miracle. Au cours des cinq dernières années, nous avons prouvé la validité de la stratégie AIR de Parley. Maintenant plus que jamais, il faut que la Révolution des matériaux se fasse. Nous avons dix ans devant nous pour mettre fin à l'âge toxique que nous avons créé. Pour survivre, il nous faut être unis en tant qu'espèce et collaborer avec la nature,* » explique Cyrill Gutsch, le PDG et fondateur de Parley.

Notons qu'au point de vue industriel, Adidas a limité le recours au plastique partout où cela était possible. Néanmoins, la singularité du partenariat entre Adidas et Parley concerne avant tout la volonté d'être au premier rang de la Révolution des matériaux. Il s'agit ici non pas simplement de vouloir réduire la consommation plastique, mais d'identifier, d'évaluer et de financer le développement de matériaux aptes à remplacer le plastique et autres matériaux nocifs, toxiques ou surexploités. Prémices d'un nouvel âge ? Afin de célébrer l'anniversaire de leur partenariat, Adidas et Parley ont lancé l’Adidas ParleyUltraBOOST DNA, une chaussure qui s'inspire du prototype historique présenté en 2015.

Crédit photo : Adidas X Parley

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