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Clergerie : l'Américain Titan Footwear se pose en ultime recours

Par AFP

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Credits: Clergerie Facebook

Paris - Après avoir conquis Hollywood, l'emblématique chausseur français Clergerie va-t-il passer sous pavillon américain ? Ce scénario a pris de l'épaisseur mercredi, le chausseur américain Titan Footwear étant désormais le seul candidat à la reprise.

En difficulté financière, l'entreprise fondée en 1981 à Romans-sur-Isère (Drôme) avait fait l'objet d'au moins cinq offres partielles, consultées par l'AFP, entre fin avril et fin mai.

Mercredi, il n'en restait qu'une, selon une source judiciaire. Le tribunal de commerce de Paris, qui s'est penché pendant plus de deux heures sur le plan de reprise de Clergerie, doit se prononcer sur cette offre présentée par Titan Footwear le 29 juin.

Si elle n'était pas retenue par la justice, le chausseur devrait être placé en liquidation judiciaire. Le chausseur américain s'engagerait à reprendre "50 salariés sur les 140 et va sous-traiter une partie de la production au Maroc et en Espagne", a indiqué Christophe Chanron, délégué syndical CFE-CGC. Selon un document déposé au greffe du tribunal de commerce de Paris, consulté mercredi par l'AFP, Titan Footwear propose de conserver "45 pour cent des effectifs salariés, soit 59 des 134 contrats de travail".

"Ils se sont engagés à maintenir les effectifs pendant deux ans mais après, qu'est-ce qu'ils vont faire? On a peur qu'ils gardent la marque et produisent intégralement à l'étranger", s'est alarmé Christophe Chanron.

"On n'est pas LVMH"

La délocalisation de la production serait une rupture historique pour le chausseur, qui était jusqu'ici l'un des derniers à fabriquer en France des chaussures en cuir dans son usine, tout comme Paraboot, J.M. Weston ou Heschung.

De Lauren Bacall à Bianca Jagger en passant par Madonna, les plus grandes stars ont eu des Clergerie aux pieds lorsque la marque était au faîte de sa gloire. Pendant son âge d'or, la maison avait exporté ses souliers jusqu'à Hollywood et sa boutique historique du centre de Paris, rue du Cherche-Midi, vendait jusqu'à 11.000 paires par an. Mais après un rachat hasardeux et des difficultés financières, le fondateur Robert Clergerie avait cédé sa marque une première fois en 1996 à un consortium d'investisseurs.

Resté actionnaire à hauteur de 10 pour cent, il avait racheté sa propre affaire en 2005, à 70 ans, avant de prendre sa retraite sept ans plus tard et de la céder au fonds d'investissement hongkongais First Heritage Brands, qui avait maintenu la production locale des modèles dans l'atelier de Romans-sur-Isère. La célèbre marque de chaussures a été rachetée en 2020 par la holding French Legacy Group, qui détient Clergerie, mais aussi les chausseurs Avril Gau, Violet Tomas et l'alsacien Heschung.

Cette holding a elle-même été placée en redressement judiciaire fin mars, ainsi que Clergerie, Violet Tomas et Avril Gau. "C'est la gestion de notre direction qui est la cause de la chute de la société", a accusé mercredi Christophe Chanron, qui dénonce des frais fixes trop importants, notamment pour "faire du marketing comme LVMH, ce qu'on n'est pas".

Ces dernières semaines, le fils du fondateur Damien Clergerie avait tenté de donner une dimension nationale au dossier. Sur le réseau LinkedIn, il a ainsi appelé les grands groupes de luxe (LVMH, Chanel, Kering et Hermès) à s'intéresser au chausseur et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire à soutenir la marque. Une campagne qui a trouvé écho auprès de plus de 6.000 personnes, dont de nombreux chefs d'entreprise. (AFP)

Clergerie
Robert Clergerie