Clap de pause pour Maison F Paris

Le créateur cravatier François-Regis Laporte a décidé de mettre en pause les activités de Maison F Paris. En attendant une prochaine renaissance ?

Tout a été fait dans les règles et le savoir-faire des ouvrières de l’atelier Boivin sera préservée : François-Regis Laporte, qui aime tant l’élégance, y mettait un point d’honneur. Après 11 années d’activités, couronnées par de très belles réussites, Maison F Paris fait une pause. Fondée en juin 2011, cette belle maison exprimait sa singularité en se spécialisant dans le nœud-papillon et la cravate déclinés dans une myriade de propositions créatives (versions courtes, biseautées) les fleurs de boutonnières en soir ou ornées des plumes du fleuriste et plumassier Eric Charles-Donatien), le nœud twist revisité et les lavallières, les rubans de cous, les jabots, les écharpes, les pochettes à quatre faces et les accessoires de tête.

Ces produits exclusifs, déclinés dans une vaste palette de tissus – soie, jacquard, twill, cachemire – et d’imprimés, étaient le fruit de l’imagination du créateur François-Regis Laporte qui a fait ses premiers pas au sein du Groupe 22V avant l’obtention de son diplôme à l’École de la chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Son talent s’est ensuite révélé au sein du show-room parisien de la marque scandinave Bruuns Bazaar dont il assure les ventes durant trois saisons avec succès, puis au cœur du label éponyme fondé en 2004 par Alain Gossuin qu’il accompagne durant 14 collections distribuées dans plus de 20 pays au sein de 90 multimarques prescripteurs.

Développer des licences avec une conscience RSE

Maison F disposait d’une boutique en nom propre rue de Verneuil à Paris. Celle-ci est désormais définitivement fermée tout comme le corner de la marque au Printemps. L’entreprise avait également racheté en 2018 l’Atelier Boivin. Les parts de François-Regis Laporte ont été cédées aux propriétaires de l’Atelier Bower qui reste partenaire de l’associé restant Philippe Lalanne. Le créateur commente avec lucidité les raisons de cette mise en sommeil : « L’activité de création, des collaborations, des développements de projets s'est réduite considérablement. Nous étions grands et trop petits à la fois.  Des investissements auraient été nécessaires pour développer le modèle. »

Le créateur égrène quelques pistes de réflexion pour une possible résurrection du label : « C’est un formidable marché de niche qui a vocation à être dupliqué en licences – par exemple Maison J au Japon ou Maison A aux Amériques - en utilisant les fibres locales et les ressources humaines de chaque pays dans une conscience RSE. » Une renaissance que François-Regis Laporte, qui reprend actuellement ses rôles de conseil en direction de collection et wholesale, appelle de ses vœux : les modèles et la marque restent déposés et le créateur en conserve l’entière propriété. « Il n’y a pas eu de liquidation, juste une simple dissolution. » Un marché en effet très porteur. Le label, qui a développé de nombreuses collaborations créatives au cours de son existence (Bonpoint, Petrossian etc.), disposait de 140 points de ventes au sein de prestigieux retailers à travers 24 pays dont les États-Unis, la Chine et le Japon.