Chez Camille Fournet, les employés sont des ambassadeurs de marque

La maison de maroquinerie française Camille Fournet a annoncé en début d'année l’ouverture d’une nouvelle manufacture à Tergnier (Hauts-de-France), prévue fin 2024. Le projet s’inscrit dans sa stratégie de développement à l’international. Pour FashionUnited, Sophie Pires, Directrice Marketing & Communication chez Camille Fournet, revient sur la nécessité d’investir en interne pour perpétuer et étendre la portée de son savoir-faire historique.

Former plus de 150 nouveaux artisans sur 3 ans

Camille Fournet a débuté la construction d’une nouvelle manufacture, déployée sur son site de production composé de deux manufactures dédiées à la fabrication de bracelets et pièces de maroquinerie. C’est sur ce segment que la marque souhaite concentrer ses efforts dans les années à venir : « cette troisième manufacture vise à accroître nos capacités de production en maroquinerie », explique Sophie Pires.

Début 2024, Camille Fournet accueillait 30 nouveaux artisans formés à la maroquinerie. La marque ambitionne d’en recruter près de 150 sur 3 ans. Sophie Pires souligne néanmoins la difficulté de trouver des profils adaptés. « Il s’agit d’un métier qui se perd. C’est pourquoi, nous avons décidé de former nous-mêmes nos artisans. » Elle précise que les candidats sélectionnés peuvent avoir fait ou non de la maroquinerie, mais doivent avoir un véritable intérêt et « une soif d’apprendre dans ce domaine. »

Camille Fournet offre des formations d’une durée de 3 à 18 mois selon les postes. Lorsqu’elles se terminent, les artisans peuvent commencer à travailler ou prolonger la durée de leur formation pour être complètement opérationnels. La directrice Marketing & Communication indique par ailleurs qu’il n’est pas impossible pour les artisans avec une ancienneté de plus de 10 ans d’évoluer en passant d’une manufacture à une autre, à l’aide d’une formation plus courte.

Instaurer des ateliers en boutique pour montrer le savoir-faire

« Je trouve important de montrer aux clients le travail d’un artisan français, le travail de la main », confie Sophie Pires. Depuis plusieurs mois, la maison propose des ateliers animés par des artisans afin de montrer son savoir-faire à sa clientèle.

« Pour un bracelet en peau d’alligator à 300 euros, le client ne se rend pas toujours compte de toutes les étapes de la confection. Chez Camille Fournet, nous voulions montrer aux clients pourquoi un produit de maroquinerie coûte si cher. » Elle précise que nombreux sont ceux à lui avoir indiqué ne pas se rendre compte du temps et de la précision derrière les pièces de la maison.

Les ateliers, organisés au sein des boutiques propres de la marque ou dans des espaces dédiés dans de grands magasins - tels que le Bon Marché - rencontrent un vif succès. Les clients aiment échanger avec les artisans, participer et en découvrir davantage sur le monde de la maroquinerie relativement secret. Pour les meilleurs d’entre eux, Camille Fournet propose également de visiter ses manufactures. Sophie Pires déclare toutefois qu’il n’est pas possible de tout dévoiler : « on ne peut pas tout montrer comme le French Plissé, par exemple qui restera secret car il nous appartient. »

Sophie Pires travaille actuellement à l’élaboration d’un book en interne pour les équipes de vente afin qu’elles puissent prendre connaissance de la complexité des techniques derrière les produits. « Elles vont également recevoir des journées d’immersion dans nos manufactures pour comprendre la fabrication de nos pièces. » Cela fait suite à la stratégie de la maison qui souhaite communiquer au mieux sur son savoir-faire auprès de sa clientèle.

Vers de nouveaux horizons

Camille Fournet assiste à l’émergence d’un marché américain. Si ses clientes basées aux États-Unis commandent via son site-web ou profitent d’un passage à Paris pour s’offrir l’une des pièces de la Maison, elles pourront à terme découvrir son offre en physique. La marque prépare en effet l’ouverture de points de vente début 2025 et nourrit l'ambition de s'offrir sa première boutique américaine. Elle ambitionne également de s’installer en Corée du Sud et au Moyen-Orient à moyen terme.

La Maison, selon Sophie Pires, désire accompagner ses consommateurs, peu importe leur nationalité, dans leur quotidien. De fait, elle « s’inscrit dans l’ère du temps », sans suivre le rythme effréné des tendances. À l’occasion des Jeux Olympiques 2024, Camille Fournet a lancé la capsule « Les Savoirs Faire Sportifs », avec des lignes plus graphiques. Pour 2025, elle travaille sur des sacs plus petits, adaptés à une vie citadine plus active.

En 2023, Camille Fournet enregistrait un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros. Elle vise près de 66 millions d’euros pour 2028. La marque compte aujourd’hui 325 salariés en France et sur ses six filiales. Elle entend doubler l’effectif en 2026, avec 750 nouveaux employés.