Chantal Baudron cultive les jeunes pousses
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C’est l’un des plus anciens cabinets de conseil en recrutement, spécialisé dans la filière mode et luxe. Le cabinet Chantal Baudron, du nom de sa fondatrice, a conseillé des centaines d’entreprises, TPE comme grands groupes, coachés et recrutés nombres de cadres depuis 1980, date de sa fondation.
Un poste d’observation sur une filière qui a bien évolué. Aujourd’hui, toujours présidente de son entreprise éponyme, Chantal Baudron suit de près les startups. Devenue première femme business angel de France (études Challenges) elle accompagne de jeunes entrepreneurs, les conseille, les suit. Et embrasse donc un prisme large et complet de l’entreprenariat français, notamment dans la mode. Entretien
Le secteur de la mode est en pleine mutation, notamment avec la digitalisation des entreprises. Quels sont les types de postes sur lesquels vous êtes le plus sollicitée aujourd’hui ?
En dix ans, tous nos clients de la distribution sont devenus « phygitaux ». Au début, nous avons quasiment inventer des « profils » pour répondre aux nouveaux besoins de nos clients. Nous sommes allés vers les métiers qui étaient les plus proches de ce que l’on cherchait, autour de la gestion de la relation client ou CRM.
Aujourd’hui, la transformation digitale des entreprises continue mais est plus aboutie, et les profils demandés en e-commerce se sont beaucoup sophistiqués. Les grandes structures sont de plus en demandeurs de « Data Scientists ». Tout le monde dispose de beaucoup de données mais ne sait pas toujours comment les exploiter. C’est l’un des grands sujets du moment. Par extension, les métiers liés à la blockchain sont aussi très recherchés. La traçabilité et l’inviolabilité des données est devenue une problématique majeure des distributeurs et entreprises de mode.
Plus globalement, les entreprises recherchent toutes les fonctions liées au digital. Or, nous sommes un marché de pénurie. Par exemple, nous manquons de développeurs informatiques. D’ingénieurs réseaux, d’architectes des sites de e-commerce.
Autre postes clés, les fonctions liées au marketing et à la communication, qui doivent aujourd’hui être « transposées » dans le numérique. Community managers et tous les postes liées au l’acquisition de nouveaux clients. Dans le retail, avec le développement des enseignes, que ce soit en propre ou en franchise, beaucoup de métiers sont demandés dans les fonctions d’encadrement, des animateurs régionaux, des directeurs de réseaux…
Comment êtes-vous devenue business angel ? Cette activité est -elle complémentaire à votre premier métier ?
Bien sûr, c’est un écosystème à cultiver, qui permet des synergies, des fertilisations croisées. J’ai vraiment commencé voici quatre ans, en investissant dans un premier temps dans le fond Fashion Capital Partners, axé sur la technologie appliquée à la mode. Aujourd’hui, chaque mois, je rencontre des startups. J’ai un deal flow de 5 à 1 à dossiers. Je choisis des jeunes pousses créatives, dynamiques, plutôt dans les secteurs de la mode, de la cosmétique, de l’éducation et du digital. C’est une affaire de rencontre. Mon ticket se situe dans une fourchette située entre 20 000 à 50 000 euros. Mais je ne me contente pas d’investir, j’accompagne et je conseille la start-up de A à Z. Je rencontre les équipes techniques, etc. J’ai, par exemple, investi dans la société Naest, qui conçoit des vêtements stylés mais très fonctionnels, jolis et faciles à mettre, pleins d’astuces pratiques car destinés à des patients alités ou en fauteuils. Dans le secteur de la traçabilité, j’ai investi dans Crystalchain, qui garantit grâce à la blockchain la sécurité de l’alimentaire, notamment chez Carrefour et se diversifie aujourd’hui dans la mode. J’accompagne également un site de ventes de sneakers en édition limitée, c’est un vrai business, savamment orchestré par les marques. Autre exemple, j’ai investi dans la société Etudes Studio, qui propose une mode « genderless ».
Cette activité a-t-elle changé votre regard sur votre métier ?
Elle l’a approfondi. En tant que business angel, je suis très intéressée par ce qui se passe à la périphérie de mon métier. Les startups que je suis ne sont pas toutes dans le secteur de la mode, mais elles ont toutes des enseignements à apporter. Je lance d’ailleurs un nouveau produit, lié à cette expertise, Dream team by Chantal Baudron, qui va décliner plusieurs prestations : l’aide aux jeunes entrepreneurs avec de l’assessment, le business development, le coaching en prise de parole ou en public ou auprès des médias et la recherche de seniors advisors.
Photo : Chantal Baudron, Cabinet Chantal Baudron