Blanchiment d'argent : décision au procès des grossistes d'Aubervilliers
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Paris - Les membres d'un réseau présumé de blanchiment de trafic de stupéfiants, qui avait pour "plaque tournante" les grossistes en textile d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), devraient être fixés sur leur sort jeudi matin, à la suite de leur procès en mars.
Au tribunal judiciaire de Paris, des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à quatre ans dont 18 mois ferme ont été requises à leur encontre le 20 mars. Dans ce dossier qui remonte aux années 2014-2015, 21 personnes et huit sociétés ont comparu pour blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs, des faits passibles de dix ans de prison.
Le ministère public a demandé l'interdiction de gérer une entreprise pour les patrons de ces sociétés d'import-export installées au Centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa), essentiellement des grossistes en prêt-à-porter d'origine chinoise. "Cette affaire emblématique a mis en lumière les liens entre le trafic de stupéfiants et le blanchiment (d'argent) dans le milieu du textile", a expliqué la procureure Clémence Girard.
Elle a toutefois écarté les qualifications de blanchiment de trafic de stupéfiants, estimant que ces prévenus ne pouvaient pas forcément savoir d'où provenait l'argent liquide qu'ils avaient contribué à blanchir. En revanche, le Cifa a été "le support utile au blanchiment, puisqu'il génère beaucoup de cash", a-t-elle poursuivi. Les prévenus du "Sentier chinois", souvent originaires de la même province du Zhejiang, près de Shanghai, ont tous nié un lien entre leur activité et le blanchiment de trafic de stupéfiants. En revanche, ils ont pour l'essentiel reconnu des faits de fraude fiscale.
En fonction de leur "niveau d'implication" dans cette "plaque tournante du blanchiment international", le ministère public a demandé des peines allant de quatre mois avec sursis, pour le gérant d'une société "satellite", à trois ans de prison dont 18 mois ferme pour le gérant de l'entreprise la plus impliquée, par laquelle l'affaire avait éclaté en 2015.
Le ministère public a par ailleurs requis des peines de trois ans d'emprisonnement dont 10 mois avec sursis et quatre ans dont 18 mois ferme, cette fois pour blanchiment de trafic de stupéfiants, à l'encontre de deux transporteurs d'argent liquide marocains accusés d'être en lien avec les trafiquants de drogue.
La relaxe a été demandée pour un grossiste. Enfin, pour cinq intermédiaires ayant participé dans ce dossier au mécanisme de "compensation", qui consiste à échanger de l'argent liquide contre des virements bancaires (souvent vers la Chine), les procureurs ont requis des peines allant de deux ans de sursis à quatre ans d'emprisonnement dont un ferme. (AFP)
Mise à jour le 16 mai 2024, à 3:13 : Les personnes et les sociétés condamnées ont pour la plupart écopé d'amendes allant de 10.000 à 500.000 euros - assorties d'une interdiction de gérer une société, pour certains prévenus.
Les deux personnes les plus lourdement condamnées sont deux ressortissants marocains reconnus coupables, sur une période donnée, d'avoir transporté de l'argent pour le compte des trafiquants de drogue. Le premier a écopé de quatre ans de prison dont deux ans avec sursis et de 150.000 euros d'amende. Le second a été condamné à cinq ans de prison dont trois ans et demi avec sursis, ainsi qu'à 250.000 euros d'amende. Tous les deux se sont vu signifier une interdiction de séjour sur le territoire français de dix ans.