Birkenstock, la sandale "made in Germany", débute du mauvais pied à Wall Street
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New York - Birkenstock, le fabricant allemand des sandales à grosse semelle de cuir, semblait débuter du mauvais pied à Wall Street mercredi au cours des premiers échanges de son introduction en Bourse. Le titre au symbole boursier BIRK s'échangeait bien en dessous de son prix d'introduction.
Vers 17H00, l'action cotait 41,72 dollars (-9,78%) au lieu du prix fixé d'introduction de 46 dollars, devant valoriser l'entreprise à 8,6 milliards de dollars.
Ces premiers pas décevants s'inscrivent pourtant dans un contexte porteur pour la marque de sandales de cuir qui est dans le giron du leader mondial du luxe LVMH: les nu-pieds à bride et semelle de liège sont apparus aux pieds de Barbie, en version rose bonbon, dans la superproduction sur la poupée éponyme qui a tenu l'affiche tout l'été.
Birkenstock a réalisé un chiffre d'affaires de 1,11 milliard de dollars ces neuf derniers mois.
"En 2021, la société de capital-investissement L. Catterton et la Financière Agache avaient acquis une participation majoritaire dans Birkenstock, en vue de se développer sur le marché chinois", rappelle Michael Hewson, de CMC Markets. "A la fois la Financière Agache et L. Catterton sont soutenus par LVMH et son patron Bernard Arnault", précise-t-il.
La dynastie familiale quant à elle reste actionnaire de Birkenstock. L'entreprise est toujours basée en Allemagne et ses origines remontent à 1774.
Nouveau test pour les IPOS
L'arrivée de Birkenstock à Wall Street est un nouveau test pour un marché des introductions en Bourse encore convalescent.
Le mois dernier, la place financière a vu s'introduire trois sociétés alors que ces opérations étaient au point mort depuis des mois.
Le concepteur de semi-conducteurs Arm a ouvert le bal, suivi de la plateforme de livraison de courses Instacart et du spécialiste du marketing en ligne Klaviyo.
"Une introduction en Bourse à New York témoigne d'ambitions mondiales" pour Birkenstock, analyse pour l'AFP Fernando Fastoso, professeur en management des marques de luxe à l'université allemande de Pforzheim.
Au-delà de l'Europe et des Etats-Unis où Birkenstock est bien installé, la Chine, l'Inde, le Mexique ou la Thaïlande sont des marchés prometteurs.
Mais transformer une entreprise familiale allemande en une société anonyme cotée à Wall Street n'est pas sans risque.
Sur le marché du lifestyle et de la mode, "la concurrence est intense, tant avec les entreprises établies qu'avec les nouveaux acteurs" dans un contexte où les budgets des consommateurs sont grevés par l'inflation, note CMC Markets.
Désormais largement copiée, on retrouve la sandale à grosse semelle partout sans qu'elle ne soit toujours clairement identifiable, posant un nouveau défi pour Birkenstock.
Et si les amateurs de produits de luxe attendent d'une marque qu'elle soit rare, Birkenstock devrait opter pour une baisse des volumes vendus, observe M. Fastoso.
En s'engageant dans des collaborations avec des maisons de mode comme Dior, Givenchy et Céline, l'entreprise a déjà largement entamé ce virage au cours des dernières années.
D'origine orthopédique, l'indémodable sandale à lanière portée par les hippies est devenue une marque branchée, en vogue à la plage comme en soirée ou sur les podiums.
Le nu-pied allemand en a vu de toutes les couleurs. Dernier exemple en date: les mules Tokio et les sandales Milano déclinées en une palette de couleurs solaires au défilé Dior homme de juin, dans le cadre d'une nouvelle collaboration avec la marque allemande.
Ambitions chinoises
"Birkenstock souhaite désormais développer son statut d'icône pour cibler le marché croissant du luxe dans le monde entier", souligne M. Fastoso.
"La puissance financière de LVMH donne désormais à Birkenstock les moyens d'étendre son réseau de distributeurs dans le monde", confirme Marguerite Le Rolland, analyste pour le cabinet d'études Euromonitor. (AFP)