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Avec la fin (espérée) du Covid, l'incertitude des fabricants de masque

Par AFP

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Vélizy-Villacoublay (France) - C’est un secteur qui, comme la visioconférence ou le streaming vidéo, se porte bien en temps de pandémie: les fabricants de masque ont connu une année 2020 particulièrement faste mais se préparent déjà à l’arrivée des vaccins et à un monde post-Covid.

Emmanuel Nizard reconnaît avoir “saisi une opportunité” au printemps, au début de la crise sanitaire, quand la France souffrait de pénurie. A l’époque, une seule entreprise produisait des masques dans l’Hexagone. Jusque-là directeur d’un cabinet de conseil, il a créé en mai son entreprise, Le Masque Français, par “patriotisme”. L’homme montre d’ailleurs avec émotion la lettre de félicitation que lui a envoyé Emmanuel Macron, qui porte ses produits.

Les débuts sont pourtant compliqués. Le bureau de son usine de Vélizy (Yvelines), où il reçoit l’AFP, simplement meublé d’un canapé-lit, d’une cafetière et d’un frigo, témoigne des longues heures sans sommeil passées au début de l’aventure à faire marcher ses machines venues de Chine.

Mais petit à petit, l’activité se met en route et rapidement l’entreprise doit quitter ses locaux des Hauts-de-Seine, rapidement trop petits, pour l’ancien centre de tri de La Poste où elle est actuellement installée.

En septembre, pas moins de 120 salariés s’y relayaient 24 heures sur 24 au chevet de dix machines qui crachaient 700 000 masques chirurgicaux par jour. Mais le reconfinement ordonné par le gouvernement le mois dernier “a tari le flux de commandes”, regrette Emmanuel Nizard. Les gens sortent moins de chez eux et beaucoup d’entreprises ont rebasculé en télétravail.

“Perdurer”

Aujourd’hui, 70 salariés font tourner six machines seize heures par jour pour produire quotidiennement 250 000 masques. La dernière arrivée est un automate spécialisé dans les masques pour enfant, particulièrement rentable depuis que les protections sont obligatoires dans les écoles.

Selon les estimations du syndicat des fabricants de masque français, en cours de création, une vingtaine d’entreprises se sont lancées dans l’aventure cette année. Avec une question qui trotte dans les esprits de tous leurs patrons: jusqu’à quand l’affaire sera-t-elle profitable?

“On aimerait perdurer”, explique la secrétaire générale adjointe du syndicat, Cynthia Roy, qui reconnaît que le défi est “ambitieux”. “Il y aura sûrement besoin de beaucoup moins de masques, il va falloir qu’on soit capable de réduire notre activité pour coller à la demande”, admet pour sa part le PDG du Masque Français.

Mme Roy veut aussi croire que, dans le fameux monde d’après, il sera “nécessaire pour les entreprises de posséder un stock de masques”. Kevin Bornheim, président d’une autre jeune entreprise située dans les Yvelines, KB Medica, se veut résolument optimiste. Pour pérenniser son activité, il veut cibler en priorité les utilisateurs à “long terme”, comme les médecins, chez qui “les masques resteront”, et se réorienter, si besoin, vers les masques de chantier.

Rebondir quoi qu’il arrive

“Je pense qu’on va garder les habitudes qu’on a prises et que le masque est devenu une habitude dans les espaces clos”, ajoute M. Bornheim. Dorénavant, “quelqu’un qui a la grippe portera un masque pour aller au supermarché”. Alors, vraie prédiction ou voeu pieux ? Nul ne le sait pour l’instant. Emmanuel Nizard craint ainsi que le naturel revienne au galop et que les “bonnes habitudes” sanitaires soient vite abandonnées.

L’avenir s’annonce d’autant plus incertain que, passé le premier réflexe du patriotisme économique, le secteur français du masque fait déjà face à la rude concurrence chinoise, qui inonde le marché de produits de qualité moindre, mais moins chers. “Ca nous coûte 10 centimes d’en fabriquer un. Le faire venir de Chine, ça revient à 6 centimes”, constate le patron du Masque Français. Selon les estimations du syndicat, la France a besoin de 300 millions de masques par semaine mais n’est capable d’en produire que 60 millions.

Mais tous les entrepreneurs du secteur le jurent: ils souhaitent un retour à la normale sanitaire, quel qu’en soit l’impact sur leurs affaires. “On devient un peu schizophrène”, s’amuse Emmanuel Nizard. “On est très heureux qu’il y ait le vaccin et qu’on ne soit plus dans cette crise horrible”. Même sentiment chez ses concurrents de KB Medica, qui travaillaient avant la crise dans l’événementiel et assurent qu’ils rebondiront quoi qu’il arrive. “On a deux secteurs qui se contrebalancent. Le jour où l’événementiel reprendra c’est que les masques auront été arrêtés”, résume Kevin Bornheim. (AFP)

Crédit : Unsplash

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