Avec l'inflation, les commerces inquiets pour 2023
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Paris - Hausse des coûts, crainte d'une baisse des volumes vendus: la fédération du commerce spécialisé Procos a dit mercredi redouter un "effet ciseaux" début 2023 en raison de la forte inflation, dont les conséquences se font surtout sentir pour les enseignes n'étant ni "luxe", ni "discount".
La fédération Procos, qui indique représenter 60.000 points de vente de 310 enseignes pesant ensemble 110 milliards d'euros de chiffre d'affaires, voit dans 2023 "une année de tous les dangers". Elle réclame au gouvernement la mise en place d'un plan commerce pour que "les investissements de transformation ne soient pas stoppés", un plafonnement des loyers commerciaux, ou encore un meilleur accès au crédit.
Du bilan 2022 qu'elle a publié mercredi, il ressort que l'alimentaire spécialisé comme les boucheries ou boulangeries (+9,7 pour cent), l'équipement de la maison (+5,5 pour cent) et dans une moindre mesure la beauté-santé (+2,3 pour cent) ont réalisé l'année écoulée des ventes supérieures à leur niveau d'avant Covid-19, tandis que la chaussure (-8,5 pour cent), l'habillement (-2,6 pour cent) et les cadeaux-jouets (-9,7 pour cent) sont eux en net recul.
Mais "pour appréhender l'effet baisse des volumes de ventes, il faut ajouter -3 à -4 pour cent à chacun de ces chiffres", précise Procos. La possibilité d'augmenter les prix de vente est limitée dans les catégories dites des "biens discrétionnaires", c'est-à-dire considérés comme non prioritaires par les consommateurs, note la fédération, car les consommateurs sont déjà aux prises avec l'inflation des dépenses dites contraintes, comme l'essence ou l'énergie.
Comme il est "difficile de vendre plus ou d'augmenter suffisamment les prix", les marges des commerçants souffrent. Conséquence: "dans des activités à faible marge telles que le commerce de détail, la trésorerie et le résultat des entreprises sont immédiatement impactés", explique la présidente de Procos Laurence Paganini, également directrice générale de Kaporal.
Les enseignes de prêt-à-porter ont été nombreuses à demander leur placement en redressement judiciaire ces dernières semaines, de l'historique chausseur André à Kookaï, en passant par le distributeur d'articles de sport Go Sport ou l'enseigne de chaussures San Marina. Place du Marché, l'ex-Toupargel, a elle été liquidée fin janvier.
"Les difficultés actuelles de plusieurs enseignes ne sont pas étonnantes compte tenu des années de crise auxquelles elles ont dû faire face dans des conditions compliquées", observe encore Procos, évoquant "des réseaux fragilisés qui doivent affronter de nouvelles conditions inflationnistes de marché sans avoir les atouts pour le faire". (AFP)