Asphalte : pour une mode engagée et raisonnée
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William Hauvette a fondé la marque Asphalte voici trois ans. Selon une envie limpide, faire de la mode qui ait du sens. Auparavant, le dirigeant avait lancé une marque de maille haut de gamme, sur un modèle de production et de distribution en gros classique. « Nous vendions cher pour finalement toucher une cible assez limitée, nous avions de grosses collections, faisions les salons, etc. Finalement cela génère une certaine frustration. J’aime les vêtements, plus que la mode et j’ai eu envie de rendre cette qualité, cette pérennité du produit, accessible à un public plus large », explique William Hauvette.
Asphalte, vendue en ligne, correspond en beaucoup de points au besoin de durabilité et de responsabilité environnementale. Sa base : des fringues qui tiennent la route, ou encore de bonnes fringues. Point. Une mode urbaine, un vestiaire casual fait de bons intemporels, des vêtements costauds fabriqués en Europe à des prix accessibles. Résistance style et prix dans une seule pièce, grâce à la suppression, au maximum, des intermédiaires : pas de stocks de produits, seulement de tissus, pas de soldes, pas de revendeurs, de petites collections pour couper les coûts. Et une marge moins importante que la moyenne pour rester accessible : une chemise Asphalte se vend à 79 euros, un jean à 99 euros.
Résistance du vêtement, style et prix juste
La pré-commande est la pierre angulaire de ce système millimétré. « Nous avons peu de profondeur de collections, on n’a pas besoins d’avoir 10 000 pièces dans son dressing, souligne William Hauvette. C’est aussi en cela que nous sommes responsables. On part du principe qu’il faut consommer moins, mais mieux ». Par exemple, la marque propose sept types chemises (oxford, jean, sport, ville…) déclinées dans peu de couleurs et de coupes. Idem pour les jeans (un unique modèle), les pulls, et les cardigans. « Nous faisons uniquement ce qui est nécessaire », souligne le fondateur. Asphalte met en vente ses nouveaux modèles sur son site pendant deux semaines, et fait fabriquer au millimètre, en fonction du nombre de commandes. Du coup, pas de stocks, pas de gaspillage, des coûts de production limitée. Le client doit attendre entre un et deux mois pour recevoir son produit. Un pari qui a fonctionné. Le site de la marque revendique 30 000 clients, dont 25 000 actifs sur les douze derniers mois. « Nous avons un fort taux de rachat », constate William Hauvette.
Le nerf de la guerre réside dans un lien étroit avec sa communauté. Chaque création de produit démarre par un questionnaire aux clients. L’essentiel étant d’avoir assez de données pour cibler au plus près la collection « idéale ». De la co-création, en quelque sorte. Un modèle de slow fashion qui fonctionne ; Asphalte, a été rentable dès la première année. La marque, installée à Bordeaux, a débuté avec trois personnes, l’équipe en compte désormais une quinzaine.
Photo : William Hauvette