Anne Hathaway (Le diable s’habille en Prada) soutiendrait le mouvement de grève chez Condé Nast
loading...
Alors que les journalistes et salariés de Condé Nast (Vogue, Vanity Fair, GQ, Glamour et bien d'autres hors mode) sont en grève, l’héroïne du film « Le diable s’habille en Prada », Anne Hathaway, a quitté un shooting pour Vanity Fair, propriété du groupe.
Son départ est immédiatement interprété et relayé par la presse internationale comme un acte de soutien aux manifestants. Cela qui ne veut pas dire, à l'heure où FashionUnited publie, qu’elle a rejoint la manifestation, ni qu’elle a eu des mots pour les travailleurs, mais cela suffit pour faire la une des magazines et médiatiser le mouvement de grève qui touche l’image impeccable véhiculée par le géant de l’édition.
Petit flashback : fin mars 2022, 400 employés de Condé Nast créent un syndicat et communiquent, notamment via le compte Instagram Condeunion : « Nous sommes la main-d'œuvre qui se cache derrière certains des plus grands noms de la mode, du design, du style de vie et de la technologie, mais nos réalisations sont récompensées par l'insécurité de l'emploi et l'absence d'avantages sociaux. Nous sommes trop attachés à notre travail pour ne pas avoir notre mot à dire. Nous demandons à Condé Nast de reconnaître rapidement et volontairement notre syndicat afin que nous puissions nous atteler à la tâche : construire un meilleur Condé pour tous. »
Slogan : « Le Diable s’habille en Prada. Les employés ont nada »
Plus de cinq mois plus tard, Condé Union est officiellement reconnu en tant que syndicat. C'est le début d’un nouveau chapitre : la négociation de conditions de travail. Et le débat s’envenime vite. Premier exemple : fin décembre 2022, le syndicat prend le parti des travailleurs sous contrat. La réaction de Condé Nast, telle que décrite pas les syndiqués, est la suivante : « Cette semaine, nous avons appris qu'un certain nombre de nos précieux travailleurs contractuels (qui font le MÊME travail que le personnel à temps plein) ont été licenciés juste avant la date butoir d'un an à partir de laquelle ils deviennent éligibles au syndicat. Il s'agit d'une violation flagrante des droits syndicaux, et nous ne le tolérerons pas ».
Un an plus tard, fin 2023, les relations entre patronat, représenté par Roger Lynch, PDG de Condé Nast, Anna Wintour, célèbre rédactrice en chef du Vogue, ou encore Cameron Bruce, chargée des discussions, et les plus de 500 syndiqués, font froid dans le dos à l’heure où la mode est au non-genre. Extrait : « À l'approche des fêtes de fin d'année, il est décevant de voir notre direction fournir des listes de licenciements qui laisseraient des équipes composées uniquement d'hommes blancs cis (du même genre que celui que l'on s'est vu attribuer à la naissance, NDLR) et imposeraient un surcroît de travail à ceux qui ne figurent pas sur la liste. »
Tout cela pour en arriver à un mouvement de grève et une manifestation, mardi 23 janvier 2024. Ce même jour, Anne Athaway est en shooting pour Vanity Fair (groupe Condé Nast). Elle quitte la salle de maquillage. Son départ est alors relayé et interprété par la presse internationale comme un soutien aux revendications. Le symbole est fort, car tout le monde se souvient de son rôle d’Andy Sachs, une employée confrontée à une boss tyrannique, Miranda Priestly, personnage du film librement interprété du roman de Lauren Weisberger, ex-assistante d’Anna Wintour.
Slogan : « La diablesse met des lunettes noires quand elle vous vire »
Aussi, quand Vogue titre « Si Andy Sachs avait poursuivi sa carrière dans le film Le diable s'habille en Prada, voici la robe qu'elle aurait portée », le syndicat répond « si Runway avait eu un syndicat, le film aurait duré trente secondes ». À ce jour, la décision de Condé Nast de licencier 5 % de son personnel est maintenue. Selon le New York Times, ces réductions concerneront environ 270 personnes (300 selon le syndicat) sur les quelque 5 400 employés à temps plein que compte le groupe dans le monde.
« Les licenciements seront échelonnés au cours des prochains mois et l’entreprise entreprend également une série d’autres actions, notamment la réduction des espaces de bureaux et la suppression de postes ouverts afin de réduire les coûts et d’investir dans la croissance stratégique », a déclaré Roger Lynch dans une note adressée aux employés. À noter que l’édition Vogue France, désormais sous le contrôle d’Anna Wintour, a déjà subi de nombreuses restructurations visant à réduire les coûts. Ce,à l’heure où la prêtresse de la mode s’apprêterait à organiser son Vogue World à Paris.