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Lanvin: “Alber Elbaz a déja vidé son bureau du faubourg Saint Honoré”

Par Herve Dewintre

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On s’attendait forcement à quelques claquements de portes dans les jours à venir, puisque le jeu des chaises musicales venait tout juste d’être puissamment actionné du fait de la place laissée vacante chez Dior par Raf Simons. Tous les regards se tournaient donc vers les très rares créateurs capables de prendre les rênes de la marque phare du groupe LVMH.

Ce mercredi 28 octobre, il semblerait bien que la messe soit déjà dite. Les salariés du groupe Lanvin ont été convoqué cet après midi, et en fin de matinée, les plus proches collaborateurs d’Alber Elbaz ont eu confirmation de la nouvelle : le createur met fin à son mandat chez Lanvin, clôturant ainsi une magnifique collaboration de 14 années avec la marque francaise qu’il a largement contribué, en bonne intelligence avec Madame Shan-Lan Wang, à ressuciter. Si l’annonce n’a pas été rendu publique encore, elle est pourtant effective et de nombreuses sources prétendant que le couturier a déjà entièrement vidé son bureau de la rue du faubourg Saint Honoré.

Madame Wang a recruté Alber Elbaz en 2001. Elle venait juste de racheter la maison de couture à L’Oréal. Lanvin entamait alors sa troisième décennie de pertes. En Six ans, le duo Wang-Elbaz réussit le tour de force de ramener la griffe dans le vert. En 2007, Madame Wang vendit la branche parfums et cosmétique Lanvin à InterParfums pour 22 millions d’euros. Une décision qu’elle n’eut pas à regretter, puisqu’elle voulait se concentrer sur le prêt à porter, mais qui, d’apres les rumeurs persistantes, ne suffisent pas à satisfaire Alber Elbaz qui souhaiterait faire adopter à la griffe française centenaire, une nouvelle stratégie consistant à développer ses propres points de vente.

En 2001, à défaut de gloire, Alber Elbaz jouissait déjà d’une importante renommée grace à ses années passées chez Guy Laroche, Yves Saint Laurent et dans une moindre mesure chez Krizia. Il est aujourd’hui le créateur le plus unanimement célébré par la profession et nombreux sont ceux qui le verraient bien succédant à Karl Lagerfeld chez Chanel.

"De couturiers, nous sommes devenus des faiseurs d'images''.

WWD indique que le créateur d’origine israélienne avait déjà été approché par Dior en 2011, après le licenciement de Galliano. L’accord ne s’était pas fait à cause d’une clause de son contrat chez Lanvin, concernant sa participation dans la maison du Faubourg Saint Honoré (via une holding controlé par Madame Wang). Il faut dire qu’ Elbaz s’était entièrement investi chez Lanvin, suppliant même l’actuelle propriétaire de vendre la maison qui a fêté ses 125 ans l’année dernière afin de permettre à de nouveaux investisseurs de développer à la fois le réseau de boutique en propre (qui représente actuellement 30 pour cent du chiffre d’affaire) mais aussi une gamme ambitieuse de maroquinerie. Madame Wang, moins présente en France depuis quelques années (elle a cédé la direction opérationnelle à Michèle Huiban en 2013), rechigne cependant à passer le relai en exigeant un prix trop élevé, malgré le fait que cette année, pour la première fois en une décennie, Lanvin essuie des pertes. Une mauvaise décision d’après Elbaz qui considéré cette gestion à l’ économie, sans injection de cash (avec notamment l’octroi de licences sur certaines lignes de la marque au Japon et en Corée) comme un pis aller.

Elbaz passera t’il chez Dior cette fois-ci ? Surement, mais à ses conditions, et non sans avoir adressé d’abord à la profession une sorte d’avertissement. Avertissement qui rejoint d’ailleurs, sur le fond, le communiqué écrit par Raf Simons il y a quelques jours pour expliquer son départ de chez Dior. Alber Elbaz ne s’est pas vraiment gêné pour critiquer le fashion circus actuel dans son exposition « Manifeste » (jusqu’au 31 octobre à la Maison Européenne de la Photographie à Paris) ) qui s’ouvrait sur les mots suivants : "Nous vivons а travers nos écrans. Nous ne regardons plus, nous filmons. Nous n'écoutons plus, nous enregistrons. Nous ne parlons plus, nous téléchargeons". Il en a rajouté une louche la semaine dernière en recevant de Meryl Streep un prix dans le cadre de la 30eme soirée de gala annuelle « Night of the Stars », organisée par The Fashion Group Internatioal, qui se déroulait à New York. Le couturier exprimait ainsi son inquiétude: ““ Nous, les designers avont débuté nos carrières en tant que couturiers, avec des rêves, des intuitions et des sentiments. Les questions que nous nous posions alors etaient : Qu’est ce que veulent les femmes ? De quoi ont elles besoin ? Que pouvons-nous faire pour rendre leurs vies meilleures ? Voilà ce que nous faisions. Et puis, le metier changea, nous sommes devenus directeurs artistiques. Puis il changea à nouveau et nous voici devenus désormais des faiseurs d’images. Notre role consiste à s’assurer que nos creations rendent bien à l’écran. Il faut faire exploser l’écran, voilà la nouvelle regle. Mais aux cris, je prefere le murmure qui, j’en suis persuadé, se prolonge et perdure ».

ALBER ELBAZ
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