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Made in France, saison « Reset »

Par Odile Mopin

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Salons

C’était le premier salon de la rentrée… et quasiment le seul de ce mois de septembre « coronaviré ». Les 1ers et 2 septembre, le salon de la fabrication et des savoir-faire français Made in France organisé par Première Vision Paris s’est tenu dans son lieu d’élection, au Carreau du Temple… Mais en revanche pas aux mêmes dates, puisque le salon, annuel, se tient d’habitude fin mars ou début avril… pile pendant le confinement, donc, cette année.

Ce rendez-vous relativement confidentiel (une centaine d’exposants pour une moyenne de 3000 visiteurs) est cependant toujours très attendu et médiatisé. Il est l’occasion pour une filière d’excellence (les façonniers du luxe) mais aussi les tricoteurs, ennoblisseurs porteurs de savoir-faire rares, comme le plissage, etc… ou encore des acteurs de la haute maroquinerie, des filateurs, d’échanger, de retrouver des clients fidèles. C’est le grand raout de la profession. On y boit du champagne sous la verrière du Carreau du Temple et on y montre ses pièces les plus précieuses. On y explore des pistes de travail, on y élabore des projets communs, ou pas, entre les stands et pendant les conférences, « les rencontres du Made in France » très suivies.

Cette année de même, à l’exception d’un détail : le masque, omniprésent. Sur les visages (pas toujours évident de se reconnaître, de parler business), sur toutes les lèvres, sur beaucoup de stands d’exposants, et dans toutes les têtes. Puisqu’il a fait exploser la visibilité de la filière au début de la crise en France, via la mobilisation massive des fabricants textiles pour en produire en urgence, en pleine pénurie. C’est « l’objet politique numéro un » de la période, comme l’a fait observer Lucas Delattre, professeur à l’Institut Français de la Mode (IFM) et modérateur d’une conférence sur les pratiques collaboratives dans la mode. L’enjeu étant aujourd’hui essentiellement d’écouler les stocks de ces produits lavables, puisque les masques jetables importés d’Asie ont depuis gagné la partie.

Et de fait on y a surtout parlé de relocalisation, de ré-industrialisation, le thème principal du salon. D’autant qu’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Economie, participait en visioconférence. Peu d’annonces, in fine, en attendant le plan de relance, détaillé ce jeudi, si ce n’est cette « inflexion » évoquée par la ministre de la commande publique qui pourrait intégrer des clauses sociales et environnementales et donc la rééquilibrer en faveur de pays peu compétitifs, certes, mais plus avancés en la matière, comme la France. Et encore la mise en place de subventions, dans le cadre du plan de relance pour transformer et moderniser l’outil de production. Condition indispensable à la réduction des coûts… et donc aide à une relocalisation partielle.

la filière a retrouvé sa visibilité

Retour à au terrain dans les allées du salon, où les exposants oscillaient entre plaisir de regoûter aux joies du « présentiel » et inquiétude face à l’avenir.

Le groupe JY BH, composé de quatre ateliers de fabrication haut de gamme pour femme et homme (Confection de Sully, Domcia Production…) notait la baisse des commandes issues du secteur luxe, son principal domaine d’activité. Son dirigeant, Jean-Yves Bohère, pense à explorer, ou développer, de nouveaux marchés, comme les accessoires et l’ameublement. Chez Socovet Sistem, Tony Herblot, figure de la filière dans le Grand Ouest, notait sans surprise une baisse importante des carnets de commandes… « Que va devenir notre métier dans les années qui viennent, c’est la vraie question », déplorait-il. Lui, comme beaucoup, ne croit pas en une relocalisation autre que très anecdotique. Tout simplement parce que le coût de travail de la France est le plus élevé d’Europe.

Quelques entreprises étaient cependant plus optimistes. A l’instar de la Lainière Santé (branche de la Lainière de Picardie, bras armé du pôle entoilage du groupe Chargeurs) nouvellement créée et très tôt positionnée sur la fabrication massive de masques. Chargeurs est un groupe puissant, coté en bourse, et doté de solutions technologiques et de supports innovants. Depuis mars, Lainière Santé a vendu pour près de 250 millions d’euros de ses produits confectionnés en Europe avec des matières exclusivement françaises, auprès des collectivités diverses. Et tente aujourd’hui de surfer sur la mode. La structure vient de signer un partenariat avec Maje pour des masques fantaisies, mais toujours techniques.

Dans un tout autre registre, Tissmail et sa marque « La Chaussette Française », produit technique, conçu pour le sport, l’oudtoor, etc, ne semble pas connaître la crise. Et tire son épingle du jeu en se démarquant des marques d’importation à bas prix. Le made in France est à ce prix : une valeur ajoutée qui a du sens. Enfin, les entreprises à identité sustainable, comme Linportant (autour des chemises et polos en lin) ou encore les startups axées sur le « low impact », comme le « Projet Résilience » (lancé par le fondateur de Bleu de Paname, ont suscité l’intérêt du public. La mode est à nouveau en devenir.

Crédit: Made in France, Première Vision

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