A Shanghai, la mode n'a pas d'âge pour les mannequins
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Avec sa coupe blonde à la garçonne et son ensemble à fleurs, elle se dandine comme une jeunette d'un pas assuré. A 56 ans, Ma Yinhong prend très à coeur son rôle de mannequin dans un défilé de mode à Shanghai.
La quinquagénaire, qui a déjà défilé pour Dolce & Gabbana, est appréciée des agences de mannequins, dans une Chine vieillissante où les marques visent un marché des seniors en pleine expansion.
Cette femme longiligne est elle-même un bon exemple de ces Chinois d'âge mûr qui n'hésitent plus à dépenser pour leur apparence, surtout dans la capitale économique chinoise, qui aime à se sentir à la pointe de la mode.
"Je sors toujours habillée chic et bien maquillée. Je n'aime pas avoir l'air d'une vieille grand-mère", témoigne-t-elle en marge d'un défilé de la marque locale Uooyaa, qui mélange des mannequins chinois et étrangers, jeunes et moins jeunes.
"Ils me gardent toujours pour la fin du défilé, après les jeunes mannequins, ça me rend très visible", explique-t-elle à l'AFP.
Mme Ma a décroché son premier contrat il y a deux ans, après avoir envoyé sa photo à une agence. Elle se maintient en forme avec des séances de gym, des exercices de respiration quotidiens et... un passage chez le coiffeur toutes les trois semaines.
"Je garde la forme, c'est ce qui me permet de continuer à défiler", explique-t-elle. "Il n'y a pas de limite d'âge dans la mode, alors avec un peu de chance, le rêve continuera."
Les hommes aussi
Les mannequins plus âgés, jadis cantonnés aux publicités pour les compagnies d'assurance ou les maisons de retraite, sont désormais recherchés aussi pour des événements plus glamour.
"Le marché des mannequins seniors n'est pas énorme en Chine mais il croît", observe Michelle Chien, agent de mannequins chez ESEE Model Management, l'une des plus grosses agences de la ville.
D'ici 2050, un Chinois sur trois, soit 487 millions d'habitants, aura plus de 60 ans. Avec l'amélioration du niveau de vie, un "or gris" va faire exploser la consommation des retraités dans les décennies qui viennent.
C'est particulièrement le cas des Chinoises, censées par tradition rester à la maison pour s'occuper des petits-enfants. Elles sont désormais la cible d'un commerce dynamique: prêt-à-porter, accessoires de mode, cosmétiques, voyages..., souligne le cabinet d'études de marché Mintel.
Dans une culture confucianiste qui respecte traditionnellement ses aînés, donner des retraités une image active et jeune passe bien auprès du grand public, relève Liu Wei. "L'expression faciale d'un senior peut dégager un air de sophistication", se rengorge cet homme de 52 ans, mannequin à temps partiel.
M. Liu, qui a entamé sa carrière de mannequin il y a deux ans et est aussi le patron de deux entreprises cotées en Bourse. Il apparaît tout naturellement sous les traits d'hommes d'affaires dans des publicités.
"Les jeunes gars sont peut-être beaux gosses, mais ils ne pourront jamais avoir un air de maturité", plastronne-t-il.